Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
citoyen libanais
26 février 2010

Amnésie

L'ambassadeur de Syrie au Liban a été reçu en grande pompe dimanche 21 février dans le Hermel. Un terrain dans le jurd du Akkar lui a été offert pour y construire une résidence d'été. Les notables locaux, les chefs de tribus et les politiciens de la région l'ont reçu dans la plus pure tradition de l'hospitalité libanaise dont nous sommes à juste titre fiers. Ce qui devrait nous faire honte par contre est la fugacité de notre mémoire ou pire encore notre mentalité de vassaux. Quand l'armée syrienne s'est retirée du Liban après trente années d'occupation, personne n'a mesuré à sa juste proportion l'incapacité de la classe politique de gouverner le pays sans se référer, chaque fois, qu'il fallait désigner un garde forestier, au grand frère. Cinq années, où au lieu de rebâtir un système politique efficace, les divers partis se sont acharnés à investir le vide laissé par l'ancien tuteur. Le 14 Mars, fort de sa légitimité populaire, a voulu résoudre la principale pierre d'achoppement, les armes du Hezbollah, par une application stricto sensu de la Constitution. Il ignorait la complexité de l'émergence du parti de Dieu, tant sur le plan politique que sur celui de la réalité sociale économique de la communauté chiite, qui obtenait enfin réparation de sa trop longue marginalisation. Le 8 Mars n'était pas en reste. Le Général Aoun, mu par un esprit revanchard dû à son exil injustifié et à la minorisation de son poids politique au vue de sa popularité, n'a pas hésité à s'allier à ceux qu'il critiquait la veille. Avec eux, il s'est employé à paralyser le pays. Le Hezbollah, lui, grisé par sa victoire sur Israël en 2000 est resté sourd aux vœux exprimés par une majorité de Libanais de se consacrer désormais à la reconstitution du Liban après la levée des deux hypothèques syrienne et israélienne. En enlevant deux soldats israéliens, il a réveillé l'ogre israélien et a conduit le Liban dans une guerre inutile et désastreuse. Israël connaissait la détermination de la Résistance, celle-ci n'avait aucun besoin de le lui rappeler, du moins de la sorte, c'est-à-dire au prix de 1300 morts.

Ce bras de fer entre le 14 et le 8 Mars, ne pouvait qu'accoucher du 7 mai. Plus qu'une victoire du Hezbollah, ce fut un avertissement général. Si les sunnites ont refusé de se battre, les druzes eux l'ont fait. Et si les chrétiens n'ont pas réagi, c'est surtout faute de n'avoir pas été attaqué. L'élection de Michel Sleiman et la formation d"un gouvernement d'union nationale, n'est pas à mettre au crédit de l'opposition. Il confirme le statut quo institutionnel, tant que le Liban n'a pas entamé la refonte de son système de gouvernance ébranlé par 15 ans de guerre civile et par la double occupation syrienne et israélienne. Or si Israël reste une menace pour le Liban, il n'y a plus aucun parti qui souhaiterait son retour. Ils furent accueillis par le passé, par les uns pour lever la pression de l'OLP, par les autres pour forcer la Syrie à se retirer. Aujourd'hui c'est chose faite. Reste la Syrie. Malgré son départ physique et selon les lois les plus évidentes des relations entre nations voisines, la Syrie jouera éternellement un rôle au Liban. La question qui se pose est l'ampleur de celui-ci et les limites que les Libanais sauraient amener aux ingérences de leur voisine. Or le diplomate syrien ne s'est, pour sa part, comporté à ce jour qu'en ambassadeur, pourquoi le traiter en proconsul? Pourquoi cette information parue lundi dans un grand quotidien, en première page, n'a suscité aucune protestation? Est-ce que nos chers leaders ont-ils déjà prévu de semblables agapes en l'honneur de l'ambassadeur?

 

Amine Issa

 L'Hébdo Magazine

26/02/2010

 

Publicité
Commentaires
citoyen libanais
Publicité
Newsletter
Archives
Publicité