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citoyen libanais
26 mars 2010

Impasse

A la grande satisfaction des partisans du système consensuel, le gouvernement libanais a finalement soumis au vote du parlement une nouvelle loi pour les élections municipales. Sauf que la carence des commissions parlementaires à entériner les amendements de l’ancienne loi est la preuve flagrante de l'incapacité de nos dirigeants à réaliser la moindre réforme. Face à l'opinion publique, il aurait été risqué de bloquer le projet par le gouvernement des  trente. On l'a envoyé s'enliser dans les sables du parlement des cent vingt huit, dont le président s'est éclipsé à Ankara d’où il critique, avec lyrisme, l'impuissance des Arabes à prendre la moindre décision pour contrer la colonisation de Jérusalem Est. Quand on sait que le parlement est une copie conforme de la composition politique du gouvernement, la manœuvre est grossière, personne ne s'y trompe, le gouvernement tente juste de sauver la face mais, en définitive, le verdict est sans appel. Ce gouvernement ne peut que gérer l'impasse dans laquelle il s'est fourvoyé. Un exécutif composé de la majorité et de l'opposition est condamné à l'immobilisme ou aux compromis boiteux.

De la même veine, quand le président de la République, après deux années d'attentisme, décide enfin de prendre l'initiative, des critiques acerbes lui sont aussitôt adressées. L'ancien ministre Wahhab, le plus virulent, l'accuse d'immobilisme pour noyer le poisson. En imposant l'accélération de quelques nominations administratives et en réunissant la "table du dialogue", forum de sourds, le chef de l’Etat n'a certes pas opéré une révolution institutionnelle. C'est bien pour cela qu'il n'est agressé que par des seconds couteaux. Si d'aventure il se montrait plus  volontariste, on entendrait sans doute des cris d'orfraie sur un autre diapason, qui le rappelleraient à l'ordre et le renverraient à ce funeste accord de Doha. Ce jour-là on évita la guerre civile mais en même temps on consacra la paralysie de l'exécutif en associant au gouvernement des partis et des personnalités qui, autour de la "table de dialogue" refusent même de se serrer la main!

Le gouvernement, malgré tout, prendra des décisions et procédera à des nominations. Mais, pour ce faire, pour contenter toute les composantes politiques, ce sont les appartenances à celles-ci et non les aptitudes des candidats qui prévaudront. Ce sont les projets servant des intérêts sectaires qui seront exécutés, dans un échange de faveurs entre majorité et minorité qui contrôlent ensemble le gouvernement. Au sein du parlement, l'absence d'opposition au gouvernement paralyse le rôle de contrôle des députés et ces derniers entérineront les décisions partiales du gouvernement.

Le Liban n'est pas le seul pays composé d'une multiplicité de minorités. Mais dans aucune nation de ce type il n'existe un modèle de gouvernement semblable au nôtre où toute décision est le fruit d'un nécessaire consensus. La question qui se pose est pourquoi le consensus gouvernemental ne pourrait pas servir avant tout l'intérêt public? C'est une question théorique qu'il n'est pas possible de développer ici. Par contre, nous avons l'exemple de la pratique et celle-ci n'est pas encourageante.

Quand le Premier ministre désigné, Saad Hariri a annoncé la formation de l'actuel gouvernement, il a précisé que ce Cabinet d'union nationale était une exception, la règle étant le respect des résultats des urnes qui désignent clairement une majorité qui gouverne. Rendez vous au prochain Cabinet.

 

Amine Issa

L’Hébdo Magazine

26/03/2010

 

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