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citoyen libanais
9 avril 2010

Israël toujours

 En 2007, les professeurs John Mearsheimer et Stephen Walt, publièrent un livre (1) sur les relations américano-israéliennes. Ils y démontraient que le support inconditionnel des Etats-Unis à la politique israélienne portait autant préjudice à l’Amérique qu’à l’Etat hébreu. En 2007, George Bush et les néoconservateurs étaient au pouvoir. Les arguments des deux universitaires furent balayés du revers de la main et devinrent la cible d’une véritable cabale. Trois ans plus tard, cette analyse est remise au goût du jour. Les relations entre Washington et Tel-Aviv n’ont jamais été aussi tendues depuis la veille de la conférence de Madrid en 1991, quand James Baker dû menacer Isthak Shamir pour lui faire rejoindre la table des négociations. Tour à tour, Hillary Clinton, le général Petraeus, Robert Gates, David Axelord, conseiller juif de Barack Obama, ont ces dernières semaines reproché à Israël de mettre en danger les intérêts des Etats-Unis.

L’argument de ces derniers est simple. Embarquée dans un bras de fer avec l’Iran sur le dossier nucléaire, l’Amérique veut mettre toutes les chances de son côté pour pouvoir arrêter le programme nucléaire de Téhéran. L’objectif d’Israël est identique, mais l’approche des deux alliés est opposée. L’Amérique, contrairement à Israël plus enclin à l’utilisation de la force, considère les sanctions et la diplomatie comme la seule voie à suivre. Engagé en Afghanistan, en Irak et au Pakistan, les Etats-Unis ont une image détestable dans le monde musulman. Or, il leur importe de retourner l’opinion en leur faveur pour protéger leurs alliés arabes et réussir leur politique d’endiguement de l’Iran sans que celle-ci ne soit perçue comme une attaque contre l’Islam. Mais en Afghanistan, le président Karzaï, terrorisé par l’idée d’un retrait américain et incapable à ce jour de bâtir un pouvoir solide, tente de se pourvoir d’une légitimité en critiquant les Etats-Unis. En Irak, la bataille pour le contrôle de l’exécutif se fait à coup de voitures piégées et risque de remettre en cause les acquis politiques et sécuritaires des trois dernières années. Les Américains ne seraient plus perçus que comme la cause du chaos. Au Pakistan, les Talibans ont longtemps été tolérés par le gouvernement comme un levier de contrôle sur l’Afghanistan et pour nourrir la sédition dans le Cachemire indien. Depuis que les Talibans se sont retournés contre l’armée, celle-ci tente de les éradiquer, mais elle ne peut déployer tous ses moyens tant l’antiaméricanisme est répandu dans la population. La Turquie de l’Akp, n’est plus l’allié inconditionnel des Etats-Unis et depuis la guerre de Gaza, pour plaire à sa base électorale, critique sans cesse Israël soutenu par l’Amérique. L’Egypte est paralysée par les problèmes de succession de Hosni Moubarak. Celui-ci ainsi que ses opposants, pour gagner leur pari aux élections de 2011, doivent répercuter l’humeur de la rue qui supporte de moins en moins la couverture américaine fournie aux exactions israéliennes à l’encontre des Palestiniens. La Syrie quant à elle, il y a cinq ans en se retirant du Liban, a gagné son ticket, même un peu tard, pour sa réintégration dans l’espace international. Elle n’est pas pressée de céder quoi que ce soit aux Américains sans contrepartie de taille, donc le Golan. Aujourd’hui, pour rassembler une coalition qui lui serait favorable dans le monde musulman, les Etats-Unis doivent impérativement effectuer une percée dans le dossier palestinien. Même la Chine, aurait conditionné son appui à de nouvelles
sanctions contre l’Iran, à l’abstention de Washington d’utiliser son droit de veto sur une résolution du Conseil de sécurité, condamnant la colonisation de Jérusalem-Est. Mais à ce jour, le Premier ministre israélien ne cède en rien. Pour deux raisons. D’abord il pense que la santé économique de son pays, malgré la crise mondiale et l’engagement des Etats-Unis à empêcher la disparition Israël, est l’un des gages de son immobilisme et il est surtout otage dans son gouvernement des partis religieux et de la droite nationaliste. Ceux-ci ne sont pas impressionnés par l’éventualité d’une guerre désespérée que leur mèneraient les Gazaouis, dont les tunnels de ravitaillement seront bientôt hors d’usage. Ils ne croient pas non plus à l’entêtement de Salam Fayad à déclarer un Etat palestinien en 2011, et ne craignent pas les menaces d’une troisième Intifada en Cisjordanie. Seule la pression des Etats-Unis est à même de pousser Netanyahu à un changement de gouvernement. Le centre et la gauche, dans un nouveau Cabinet seraient plus enclins aux concessions exigées par les Etats-Unis et éviteraient à Netanyahu d’en porter seul la responsabilité devant l’histoire. Sinon il faut s’attendre à des réveils douloureux sur plus d’un front.

 

Amine Issa

L’Hébdo Magazine

09/04/2010

 

 

(1) The Israel lobby and us foreign policy.

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