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citoyen libanais
23 juillet 2010

Assad boit du petit lait.

Radioscopie rapide des acteurs majeurs. L’Egypte est scotché au bulletin de santé de son président octogénaire, dont le principal souci semble être comment étouffer Mohammad al-Bardehi. Le Cabinet israélien est au bord de l’implosion. La cause, la bombe iranienne? Les missiles du Hezbollah? Non, la dispute sur qui des rabbins orthodoxes ou libéraux décideront de la judaïté des nouveaux immigrants. En sommes, le sexe des anges. Les premiers sionistes doivent se retourner dans leur tombe. Et si Avigdor Liberman ne claque pas la porte en attendant que Netanyahu ne le renvoie, ce n’est pas par soucis de solidarité nationale. Il craint tout simplement, qu’ancien videur de boîtes de nuit, impliqué dans plusieurs scandales mafieux, s’il n’est plus ministre, qu’il ne soit plus défendu bec et ongle par les colons qu’il caresse dans le sens du poil et que la prison soit sa prochaine adresse.

Le Hamas, lui, désespéré d’attendre les bateaux de ravitaillement tant promis, s’inquiète de la santé des femmes. Désormais il leur est interdit de fumer le narguilé et tant pis pour les poumons des hommes. Le président Ahmadinejad, vexé par les Russes qui ont renoncé à lui vendre de nouveaux missiles S-300, se rabat sur l’immoralité des Iraniens. Il décrète des coupes de cheveux conformes à la constitution et lâche les Basijis privés de fusées, dans les rues pour rectifier la capillarité fantaisiste des Téhéranais. Il annonce aussi le retour des mollahs dans les universités, pour contrer l’influence de l’Occident. Occident dont il a, par ailleurs, besoin désespérément pour remplir les pompes d’essence. Tout ceci est bien évidement fort caricatural. Mais n’empêche, l’actualité se déroule ailleurs. D’abord, c’est de Beyrouth que se crève l’abcès. Le secrétaire général du Hezbollah, en s’en prenant au tribunal international, sonne une alarme qui retentit de Téhéran à Tel-Aviv.

Si aucune avancée n’est apportée sur les multiples dossiers conflictuels du Moyen-Orient, c’est toute la région qui va s’embraser. Le premier détonateur est désamorcé par Walid Moallem, qui déclare que la Syrie jugera de haute trahison tout Syrien impliqué dans l’assassinat de Rafic Hariri. Comprendre que le verdict du tribunal ne doit en aucune façon servir de prétexte à une guerre. En même temps, le président Assad rencontre à trois reprises en deux jours le Premier ministre libanais. A l’une des réunions, s’est joint le ministre turc des Affaires étrangères. Quand on connaît les liens organiques qui lient Saad Hariri à l’Arabie saoudite et le rôle pivot que joue la Turquie, tant sur le plan du conflit israélo-arabe que sur celui du nucléaire iranien, il est fort à parier qu’en la présence de tant de ministres libanais à Damas, les trois hommes ont discuté d’autres choses que du partage du débit de l’Oronte. Bachar el-Assad faiseur de paix? La photo de celui-ci, entouré d’Ahmad Daoud Oglou et de Saad Hariri, tranche clairement avec celle d’il y a quatre mois où il était entouré de Hassan Nasrallah et Mahmoud Ahmadinejad. Bachar el-Assad courtisé par les américains? Comment comprendre autrement la rencontre dans la capitale syrienne de Iyad Allawi et Moqtada al-Sadr. Les Américains désespèrent depuis six mois de se voir former un gouvernement irakien avant le début du retrait de leur troupe en août. L’Iran a tenté jusque là l’impossible pour imposer son candidat à la tété du gouvernement à Bagdad. Sans résultat. Et voilà que Moqtada al-Sadr, domicilié à Téhéran, qui a toujours refusé de rencontrer Allawi accusé d’être le suppôt des Baasistes, rencontre celui-ci, candidat déclaré des Américains, à Damas. Ostracisé il y a cinq ans, la capitale syrienne redevient le passage obligé de toute négociation au Moyen-Orient. Voilà le plus beau cadeau que le président Assad pouvait recevoir alors qu’il fête sa dixième année au pouvoir. 

 

Amine Issa 

L'Hébdo Magazine

23/07/10

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