Mardi, 3 août 2010, Liban, Edeissy, à la frontière avec Israël.

13 heures: L’armée israélienne viole le territoire libanais. Une benne traverse la frontière et un soldat tente d’arracher un arbre du côté libanais. Les soldats libanais avertissent la Finul. Les Casques bleus agitent des drapeaux et interpellent les Israéliens. Les soldats ennemis ignorent les soldats de l’Onu. L’Armée libanaise ouvre le feu. Les Israéliens ripostent. La Finul se retire. Quatre heures d’accrochages s’en suivent. Bilan, deux soldats, un journaliste libanais et un officier israélien sont tués.

Début du songe

13 heures 30: Les trois présidents sont informés de l’incident et du nombre de victimes.

14 heures: Le commandant en chef de l’armée arrive en hélicoptère sur les lieux de l’incident. Il prend en charge la conduite des opérations.

15 heures 30: Par décision des plus hautes autorités, trois compagnies de commandos de l’armée sont héliportées près de la frontière. Les militaires d’élite commencent à creuser des tranchées. Ils sont munis de missiles Milan antichars.

16 heures: Un agent des services de renseignement de l’Armée libanaise à Tel-Aviv reçoit l’ordre de se procurer la photo de l’officier israélien tué. Même s’il doit la payer 10000 dollars. Il l’obtient et l’envoie par mail à Beyrouth.

16 heures 30: Toutes les télévisions locales interrompent leurs émissions et diffusent en boucle la photo des trois martyrs libanais et de l’officier israélien tué. Des clips à la gloire de l’armée sont retransmis sur toutes les chaînes. On revoit aussi les images de la bataille de Nahr al-Bared et les photos des 170 martyrs de l’armée.

15 heures: L’avion du président du Conseil atterrit à l’AIB. Saad Hariri interrompt ses vacances.

15 heures 15: Le syndicat des journalistes et le ministère de l’Information déposent une plainte contre Israël auprès de la Fédération internationale des journalistes après l’annonce du décès du correspondant d’al-Akhbar au Liban-Sud.

15 heures 30: Réunion extraordinaire à Baabda du Conseil des ministres, sous la présidence du président Michel Sleiman et en présence du président Nabih Berry et des officiers de l’état-major.

16 heures: La présidence de la République annonce, dans un communiqué, que dorénavant l’Armée libanaise n’admettra aucune violation de son intégrité territoriale et demande à la Finul d’être plus intransigeante avec les Israéliens.

16 heures 15: Le président Berry envoie un émissaire au secrétaire général du Hezbollah lui demandant de fournir à l’armée des missiles antichars Kornet utilisés en 2006 avec succès contre les blindés Merkava.

16 heures 25: Le Premier ministre reçoit l’ambassadeur de Syrie. Il lui demande de transmettre au président Assad que le Liban songe demander à la Syrie d’appliquer le traité de défense commun et que celle-ci doit se tenir prête à aider l’armée libanaise.

16 heures 45: Le président de la République convoque d’urgence l’ambassadeur des Etats-Unis pour se plaindre de l’agression israélienne. Il lui rappelle les promesses faites au Liban d’équiper son armée pour qu’elle soit la seule institution responsable de la sécurité du territoire.

17 heures 30: L’hélicoptère présidentiel atterrit à Bint Jbeil. A son bord les trois présidents qui se rendent au chevet des blessés.

20 heures: Un immense drapeau libanais est déployé sur la Place des Martyrs. Des touristes se mélangent à la foule des Libanais pour allumer des bougies à la mémoire des soldats et du journaliste tué. Feyrouz fait une apparition, autorisée par les héritiers Rahbani, elle chante a capella, dans un silence ému. Aucun homme politique ne vient faire de harangue.

22 heures: Hamra et Gemmayzé trinquent jusqu’a l’aube à la santé de l’armée.

Fin du songe.

Amine Issa

L'Hébdo Magazine

06/08/2010