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citoyen libanais
27 août 2010

Cauchemar d’été

 Bourj Abi Haïdar, pour ceux qui ne connaissent pas ce quartier, il est un des plus anciens de Beyrouth. Hors les murs certes, mais quand, au XIXe siècle, ceux-là furent abattus, le quartier rejoint la capitale. Entre-temps, d’autres murs furent érigés, certains en béton, d’autres invisibles. Des maisons libanaises typiques avec hall central, de petits immeubles en «Ramleh» de l’époque du mandat, des immeubles des années soixante aux volets en bois, et ensuite le tout aluminium et verre. Les habitants, une majorité de sunnites avec quelques chrétiens égarés. Une première vague de chiites après la guerre de 1948, puis une colonisation du quartier par cette communauté, chassée du Sud, de la banlieue trop pauvre, et par son accroissement naturel dans Beyrouth qui est aussi sa capitale.

Une soirée d’août, la chaleur est accablante, l’électricité est un vague souvenir et les appareils de climatisation sont devenus d’énormes bibelots. Des jeunes désœuvrés, énervés par le jeûne, traînent dans les rues. Une voiture veut se garer là où elle peut, car il n’y a pas de parking municipal et tout le monde veut sa voiture, les transports en commun sont déficients. Le véhicule n’est pas autorisé à se garer pour cause de proximité d’une mosquée partisane. Des barbus tancent du regard d’autres barbus, il suffit d’un mot, un ton trop haut et la bagarre éclate.  Scène classique, sauf que, comme une trainé de poudre, jusqu’à Basta, Noueiry et Ras el-Nabeh, salim Salam les armes crépitent et les lance- roquettes s’en donnent à cœur joie. Un commando israélien opère-t-il au sein de Beyrouth? Certes non. Alors pourquoi autant d’armes, pourquoi cette rapidité dans la diffusion des combats? Pourquoi durent-ils quatre heures? Pourquoi s’arrêtent-ils par miracle aux limites des beaux quartiers et du centre-ville? Parce que tout cela est prémédité, cuisiné dans des chambres noires et exécuté par de misérables acteurs confinés aux marges des lumières de la ville et abrutis par des discours xénophobes. Les Ahbache et le Hezbollah sont des alliés, mais la Syrie a voulu faire parvenir un message à l’Iran qui l’a devancé avant que les Américains, par l’entremise de leurs agents, n’envoient un signal fort aux sunnites proches de la Syrie et liés aux… N’essayez pas de comprendre, c’est inutile et en tout cas indéchiffrable. Seuls comptent l’effet et les dégâts. Nos «Chers Leaders», tapis dans leurs villas et leurs bunkers climatisés, ont des points à marquer pour leur égo, des contrats à remplir pour alimenter leurs caisses et des comptes à rendre pour garder leurs protections. Leur honneur doit être ménagé et leur soif de pouvoir doit être alimentée. Réduire la pauvreté, rembourser la dette, élever le niveau de l’enseignement public, l’hôpital pour tous, instaurer une «silicon valley», trop compliqué et si commun. Surtout en Orient, quand on prétend commercer avec Dieu. Alors, on lâche les fauves qui sont, de toute façon, en surnombre. Qu’ils s’entretuent cela fera des martyrs à exploiter et qu’ils détruisent ça fera des nécessiteux qui viendront courber l’échine pour obtenir réparation et faire l’éloge de la générosité de nos «Chers  Leaders» et de leurs amis au-delà des frontières. Ainsi va le Liban.

Amine Issa

L'Hébdo Magazine

27/08/10

 

 

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