Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
citoyen libanais
11 mai 2012

La France et nous

Nicolas Sarkozy avait déjà perdu les élections de 2012 une première fois quand il fut élu, et la seconde fois en 2008. Son écart au Fouquet’s laissait présager d’un style présidentiel que la France, cette monarchie républicaine depuis Charles de Gaulle, ne pouvait admettre. Même François Mitterrand, le premier président socialiste de la cinquième République, avait maintenu ce style particulier. Ses visites fréquentes à Venise montraient son admiration de la gestion princière des cités Etats. Les suicides mystérieux de François de Grossouvre, de Pierre Bérégovoy et la mort de Roger Patrice Pelat, ne sont pas sans rappeler les intrigues des palais florentins. Nicolas Sarkozy se devait de maintenir une morgue de souverain. A cause de la culpabilité catholique face à l’argent et l’héritage révolutionnaire contre les nantis, l’étalage des amis fortunés a été une faute. Pour ce qui est de l’année de la débâcle financière mondiale et, malgré sa gestion remarquable du sauvetage de l’Europe, le pouvoir d’achat des Français ayant plongé, toutes ses réalisations ne purent rattraper les effets de cette chute. La réforme de l’université, celle des retraites, de la Constitution, la refonte de la carte judiciaire et le dégraissage de la fonction publique sont tous passés au couperet de la crise économique. Ce qu’il faudra retenir pour la France de ce mandat, c’est sa fin. Comment le 6 mai, les Français, par leur vote massif et leur enthousiasme sur les places publiques, ont réaffirmé que la démocratie se porte bien. C’était nécessaire après les excès de Jean-Luc Mélenchon et le score inquiétant de Marine Le Pen. Le premier semblait vouloir réinstaurer la guillotine pour les riches et la seconde poser un diagnostic juste, mais donner une mauvaise prescription. François Hollande a-t-il la bonne? Les cinq années à venir le diront. Cependant, il faudrait s’arrêter sur quelques-unes de ses propositions. Il prévoit cinq milliards de dépenses supplémentaires et,  pour les trouver, propose l’abrogation de nombreuses niches fiscales concernant les particuliers et les entreprises. C’est un programme qui se discute, on en verra le résultat. Toutefois, les hauts revenus qu’il veut taxer à 75% sont une mesure politiquement payante, mais économiquement contre-productive. Elle ne rapporterait à la France, selon Hollande lui-même, que 300 millions d’euros, c'est-à-dire 0,018% de la dette de la France! Certes, l’inégalité est en augmentation en France et elle ronge les fondements de la République, mais une telle mesure ne fera qu’effrayer les investisseurs, créateurs d’emplois donc de croissance, pour un revenu négligeable. Toujours est-il que sa politique de relance par la dépense, si elle plaît aux Américains, énerve l’Allemagne. Celle-ci ne veut en aucune façon remettre en jeu le pacte budgétaire de stabilité, signé par vingt-cinq pays de l’Union. Forte de ses performances économiques, elle sera difficile à contourner.

En ce qui nous concerne, c'est-à-dire le Moyen-Orient, faut-il s’attendre à des surprises? Depuis que Barack Obama a déclaré que son pays ne pouvait plus gérer tout seul les problèmes de la planète, il a, en étroite collaboration avec Nicolas Sarkozy, demandé à la France d’intervenir. En Côte-d’Ivoire, en Géorgie et en Libye, la France a démontré qu’elle pouvait encore faire la différence. Est-ce que sur les dossiers iraniens et syriens, François Hollande aura une approche distincte de celle de l’ensemble du monde occidental? A présent, rien ne le laisse supposer. Si le nouveau président décidait de se retirer d’Afghanistan, ce ne serait que devancer les Américains, qui sont tout aussi pressés de se débarrasser de cette expédition. Pour ce qui est du problème palestinien, un seul chiffre suffit à montrer le malaise des Israéliens face à l’élection de François Hollande, les Français résidant en Israël ont voté à 92% en faveur de Nicolas Sarkozy. La réélection très probable de Barack Obama, en novembre, celle de François Hollande aujourd’hui, additionnées à l’entrée du parti d’opposition Kadima au gouvernement de Netanyahu, auront-elles un impact positif sur le processus de paix? Surtout quand on sait que Shaoul Mofaz n’a jamais montré un grand enthousiasme à bombarder l’Iran, qu’il voudrait que les pourparlers avec les Palestiniens aboutissent, qu’il ne porte pas dans son cœur les juifs orthodoxes qu’il veut contraindre à faire leur service militaire.

Un pas, en automne, pourrait être franchi sur la voie d’une solution négociée.

Amine Issa

L’Hébdo Magazine

11/05/2012

Commentaires
citoyen libanais
Newsletter
Archives