Duplicité vraiment ?
John Kerry vient d’annoncer que dorénavant il fallait négocier avec Bachar El Assad pour mettre fin au massacre syrien, alors que précédemment la position américaine était de lui dénier tout rôle dans la gouvernance future de la Syrie. D’abord que ceux qui se frottent les mains, tempèrent leurs enthousiasmes, le département d’état à rapidement réduit le sens de cette déclaration en expliquant que Jhon Kerry en prononçant le nom de Assad signifiait le gouvernement Syrien et que le président restait un obstacle pour toute paix négocié. Ensuite, quatre ans durant, Assad devait impérativement s’en aller et rien ne fut fait. Ensuite, le régime de Damas, ne tient militairement, politiquement et financièrement que grâce aux Russes et aux Iraniens et leurs satellites. Donc la négociation utile est avec ces deux pays et elle n’a jamais cessé.
L’intérêt que portent les États-Unis à la Syrie, provient de deux soucis : protéger Israël et contrôler les sources du pétrole dans le Golf.
Pour ce qui est d’Israël, depuis la chute de l’Union Soviétique, il n’est plus utile pour freiner les ardeurs des alliées de Moscou au Moyen-Orient. D'abord, la Russie y est moins engagée, ensuite les pays arabes qui lui servaient de relais ne sont plus que l’hombre d’eux même, quand ils n’ont pas glissé dans l’orbite américaine. Si l’Iran est un conçurent aux États-Unis dans la région, les moyens actuels qu’utilisent ou que pourraient utiliser les États-Unis pour plier Téhéran, ne nécessitent pas l’intervention d’Israël. Militairement, si guerre il devait y avoir, ce n’est pas une armée, Tsahal, situé à des centaines de kilomètres de Téhéran, qui rentrerait en marche, mais des missiles et des avions américains postés sur des porte-avions qui seraient actionner. L’autre moyen de pression sur l’Iran est le levier économique sanctions, auquel Tel-Aviv n’a pas les moyens de participer. Enfin, une fois l’insurrection islamiste en Syrie et en Irak enclenchée, si les Etats-Unis sont ravies d’y voir l’Iran engluer dans ce bourbier, elles n’ont pas besoin d’Israël pour le faire, les ambitions expansionnistes de Téhéran suffisent. Aujourd’hui, l’intérêt que porte l’Amérique à Israël relève d’un autre registre, celui de la politique interne au Usa. La dernière intervention de Benyamin Netanyahu au Congrès et tout le débat qui la précédé et continue de la suivre en est la preuve suffisante.
Pour ce qui est du Golf et de son pétrole, contrairement à ce que l’on pourrait penser, même si les États-Unis deviennent exportateurs de pétrole, ils voudront toujours contrôler une des plus importantes sources de pétrole au monde, celle du Golf. Par ce moyen, ils se réservent un moyen de pression sur la Chine le Japon et même l’Europe, donc sur les trois premières économies du monde après ou avant avec les États-Unis.
A partir de ces deux constantes, protéger Israël et contrôler les sources du pétrole dans le Golf, quelle est doit être alors la stratégie américaine en la Syrie ? L’Amérique ne veut simplement pas d’une Syrie forte. A la suite des premières manifestations contre le régime, les Américains ont constaté deux choses. D’abord l’opposition laïque et l’Armée Syrienne Libre, face à l’intransigeance d’Assad ne pouvaient prendre le pouvoir sans une intervention armée massive occidental. Ensuite cette opposition, très nationaliste n’a jamais montrer son intention de faire la paix avec Israël et à plus forte raison de céder le Golan. Deuxièmement, laminée par quarante ans de répression, elle était inorganisée et surtout insaisissable. Barck Obamaa, l’avait annoncé, l’Amérique n’enverrait plus de troupe. Ensuite face à l’inconnu qu’était l’opposition et ces véritables capacités et intentions, dans la perspective d’un désordre imprévisible, autant l’organisé. Une fois les armes chimiques de Damas neutralisées, la carte islamique était la plus gagnante à jouer. Vu les conditions, politiques, sociales et religieuses du Moyen-Orient, qu’il n’est pas ici le lieu de développer, les islamistes allaient très rapidement apparaitre. Ils étaient ceux qui arrangeaient le mieux la Turquie de l’Akp islamiste, des Wahabites et autres islamistes du Golf, tous soucieux de récupérer une Syrie à reformuler. Le Hezbollah, bras armé de l’Iran allaient nécessairement s’immiscer dans ce conflit et se détourner momentanément d’Israël. La Syrie affaiblie cesserait d’humilier et de faire chanter les pays du Golf, comme le faisait autrefois Abdel-Nasser. Les islamistes, qu’ils soient d’Al Nusra, Daech, ou toute autre appellation, malgré leurs diatribes, pour certains, contre les monarchies impies du Golf, savent très bien qu’ils leur doivent leurs financements. Et pour les plus réactionnaires, ceux qui désirent vraiment en découdre avec les wahhabites, ont trouvé en Syrie le lieu de déverser leurs énergies destructrices, ce qui les éloigne des puits de pétrole, du moment momentanément, c’est toujours cela de gagné. Cela permet de mieux les évaluer, les regrouper, les contrôler et les réduire plus efficacement. Les frappes américaines doivent être appréciées à partir de cette même logique. Dosés, suffisantes quand l’opinion s’émeut face à la barbarie, quand il faut rétablir l’équilibre sur le terrain pour prolonger le conflit. C’est à partir de cette même logique qu’il faut comprendre l’appel de Kerry au dialogue avec Assad. Même le possible accord sur le nucléaire iranien, s’il devait ouvrir la voie sur une résolution du conflit syrien, ne portera pas ces fruits immédiatement.
Amine Issa
17/03/15