Deux versets pour réfléchir sur le meurtre
Le premier, « Au nom de Dieu, celui qui fait miséricorde, le miséricordieux » I-1, qui introduit le Coran, une sorte de prolégomènes en quatre mots (en arabe, بسم الله الرحمن الرحيم), qui préfigure le sens du texte.
La question de qu'est-ce qui détermine l’autre, l’identité ou l’action, a de tout temps occupé le champ réflexif. Est-ce que ce que nous accomplissons, fait de nous ce que nous sommes, détermine notre identité ? Ou bien, est-ce, ce que nous sommes, qui nous pousse à agir dans un sens ou dans l’autre ? Les deux affirmations ont été avancées sans que jamais une des deux ne s’impose définitivement. Le Coran, lui a fait un choix, il est clair dans ce verset.
Découpons-le. « Au nom de Dieu ». Quand on parle ou agit au nom de quelqu'un, quand on consent de la faire, le locuteur disparait derrière celui qu’il va représenter. Il ne possède plus aucune qualité, sauf celle de répéter et de se conformer aux dires de celui dont il reproduit le souhait, puisqu’il est « musulman » donc soumit à Dieu. Or qui est celui-ci, car le verset ne contente pas de dire le nom de Dieu, mais il le décrit également. Il est « Celui qui fait miséricorde, le miséricordieux ». Ici dans l’ordre, l’action « qui fait miséricorde » précède l’identité, « le miséricordieux » et la conditionne. Donc Dieu se définit par une action et de plus cette définition est exactement semblable à son action. Entre l’action est la définition, Dieu n’admet aucun écart. Dieu par ce verset nous signale qu’il n’accepte aucun préalable d’identité qui commanderait notre action. Nous devons avant toute déclaration d’identité agir. Et quelle est cette action « faire la miséricorde ». Elle définira notre identité, le « miséricordieux ».
Le second verset est le suivant, « Dieu se prescrit à lui-même la miséricorde » VI-12. Dieu en Islam est invisible et indescriptible. On peut connaitre certaine de ses qualités, mais pas toutes. On peut et devons nous rapprocher de lui, tenter de l’imiter, mais jamais on ne l’égalera. Le Dieu des musulmans, comme celui des trois monothéismes, contrairement à ceux de l’antiquité ne peut être personnifié (à l’exception de Jésus lors de son passage sur terre). Dieu est également le créateur de toute chose, on ne peut ce contenter de dire qu’il est puissant, il est la Puissance. Or pour une fois et une seule fois, ce Dieu accepte de partager notre sort, d’être dirigé, de se soumet à une prescription, en fut-il la source. Et qu’est ce que se « prescrit » Dieu, dans cet acte unique ? La miséricorde. Le seul moment de fusion entre nous et Dieu sur cette terre est celui de la miséricorde. La seule prescription que Dieu accepte de se faire est la miséricorde.
Peut-on après cela tuer au nom de l’Islam ?
Amine Issa
25/03/2015