Ce qu’il faut retenir et espérer de l’accord sur le nucléaire iranien
Si cet accord est signé le trente juin, il faudra observer à l’avenir si le pouvoir iranien respecte toutes ses closes, pour départager ceux qui disent que c’est un bon accord et ceux qui disent le contraire. Ce que je retiens dans l’immédiat est le délai de trois mois avant la signature officielle. Les annonces publiques le justifient par d’ultimes mises au point. C’est irrecevable, les négociations durent depuis dix-huit mois, suffisamment donc pour décider même de la couleur des centrifugeuses et du modèle des costumes des inspecteurs de l’agence atomique. Les Américains et les Iraniens ont certes toujours déclaré que les négociations ne concernent que le dossier nucléaire. Cette volonté d’isoler les dossiers est une pratique courante en diplomatie, elle permet d’avancer, si on le souhaite vraiment, en évitant les écueils que peuvent poser des désaccords périphériques. Mais cela ne veut pas dire que ces désaccords sont résolus et qu’ils perdent leurs importances. Si l’Iran et les États-Unis sont parvenus à une résolution de leurs différents sur le programme nucléaire iranien, cela ne veut pas dire, qu’ils sont d’accord sur la politique expansionniste de l’Iran au Moyen-Orient. Ce délai de trois mois et à mon sens suffisant pour que l’Iran fasse preuve de retenue. Si le trente juin, rien n’est fait, il sera toujours temps pour les États-Unis de trouver un prétexte pour refuser de signer et de maintenir les sanctions.
Si celle-ci sont effectivement levées parce que l’Iran révise à la baisse ses ambitions régionales, l’économie de ce pays connaitra une embellie et les répercussions sur le niveau de vie de la population seront positives. Les Iraniens vivent sous une dictature. Ce qu’on appelle démocratie, ne peut s’accorder avec une loi, dont la source n’est pas le peuple, mais un Dieu transcendant non interrogeable, et dont l’interprétation est le privilège d’un homme, le Guide Suprême. Des élections ne peuvent être considéré libres, si tous ceux qui n’ont pas l’agrément des autorités religieuses ou laïques désignés par le Guide Suprême, sont interdits de se présenter. Les Iraniens n’ont pas pu voter pour le président réformateur Mohamed Khatami à soixante-dix pour cent des voix et ensuite choisir librement le président Mahmoud Ahmadinéjad pour lui succéder, l’homme des gardiens de la révolution et le poulain du clergé le plus rétrograde. Il faut savoir que contrairement aux citoyens des dictatures arabes avant les insurrections, les Iraniens ont toujours protesté, montré une volonté de changement, tout à leurs risques, mené une guerre d’usure quotidienne contre les conservateurs, furent preuve d’inventivité, de créativité et de courage. Il suffit de suivre tant la presse officielle que celle souvent clandestine de l’opposition pour s’en rendre compte. Or, malgré les sanctions, la corruption, la captation d’une partie des ressources du pays par les différents cercles du pouvoir, les Iraniens n’ont pas plié et persistent à revendiquer plus de liberté et de participation à la vie politique. Je ne rentrerais pas dans la nature de ces revendications, c’est simplement leurs réclamations actives qui compte ici. Or, si le niveau de vie des Iraniens s’améliore, loin de les contenter et de les calmer, cela va les inciter à plus d’activisme. Quand on a le ventre vide, soit on se plie désespéré, soit ont se révolte jusqu’a abattre sa propre maison sur sa tète. C’est ce qui se passe en Syrie, ce n’est pas le cas de l’Iran. L’avenir nous le dira ; si les Iraniens parviennent à infléchir la politique de leurs dirigeants, il est certain que ce pays, qui est une puissance, devra recentrer ses ressources sur son développement et renoncer à les disperser du Yémen au Liban, en passant par l’Irak et la Syrie, au profit d’une politique expansionniste déstabilisante. Si c’était le cas, le président Barack Obama aura réussi son pari.
Amine Issa
03/04/2015