Iran-Russie, un coup de missile dans l’eau.
La dernière manœuvre des dirigeants iraniens et russes, démontrent encore une fois, la désinvolture de ceux-là, au mépris des intérêts de leurs pays. Caresser la fierté nationale de leurs citoyens, pour les priver de leurs libertés, à un coût prohibitif est une manie coutumière de ces régimes. Dés l’annonce d’une encore incertaine, levée des sanctions contre l’Iran, la Russie s’empresse d’informer les Iraniens, qu'elle consent à leurs livrer les missiles anti aérien S-300, que ceux-là attendent depuis 2010. Coup de la transaction : Huit cents millions de dollars. Mais pourquoi cet empressement de la Russie ? Pourquoi le président Poutine n’attend-t-il pas le 30 juin, date de la signature de l’accord nucléaire, au risque d’isoler encore plus la Russie ? Parce que les caisses de l’état sonnent creux. D’abord la crise de 2008. Ensuite les sanctions européennes suite à la crise en Ukraine ou le président Poutine défend « l’âme » russe contre les « fascistes » de Kiev, qui ont osé par les urnes, bouter dehors un président corrompu et satrape de Moscou. Enfin la chute brutale du prix du pétrole, sur lequel le président russe avait tout parié, au lieu de reconstruire le parc industriel dévasté à la fin de l’URSS. Mais cela aurait demandé plus de transparence et surtout moins de roubles à distribuer à la nouvelle nomenklatura et à ceux qui ont faim pour les anesthésier. Étonnant vous diriez alors que le président Poutine vient d’annoncé à la télévision de bons chiffres pour l’économie russe ? Depuis sa chute vertigineuse en novembre le rouble s’est apprécié de quarante pourcent par rapport au dollar. Les investisseurs reviennent en Russie et le pays a pu emprunter facilement quinze milliards de dollars sur le marché. Mais à quel prix ! Le journal le Monde qui nous livre ces informations, révèle également que les taux d’intérêt servis sur le rouble sont de 17% et que les taux d’emprunts sur les obligations à trois mois sont toujours de 18%. Cela coute cher, très cher, surtout que 150 milliards de dollars ont en 2014 déserté la Russie pour des places plus sùres (1). Une autre raison à l’empressement de Poutine de finaliser l’accord avec l’Iran est que la Russie ne dispose pas de missiles S-300 en stock. Ceux qu'elle possède sont désormais déployé sur le front Ukrainien (2). Donc avant même que les Chinois ou les Coréens du nord ne proposent leurs quincailleries, la Russie veut assurer de quoi faire tourner son industrie militaire, qui avec le pétrole fait l’essentiel de ses exportations. Ce n’est guère glorieux pour un pays qui exportait autrefois, Pouchkine, Tolstoï, Dostoïevski, Tchaïkovski, le Bolchoï et avait le premier envoyé un homme dans l’espace. Je dis quincaillerie, car le chef d’état-major des armées américaines, à l’annonce du dit contrat a bien fait comprendre que ces missiles n’étaient pas ceux que l’on croyait et que leur efficacité face aux avions occidentaux était plus que douteuse (3). Dans l’état de tension entre les États-Unis et la Russie, et connaissant la mauvaise foi des Américains, on ce serait attendu à une levée de bouclier. Or la vérité de l’inefficacité de ses missiles semble si évidente, que les Américains ne pouvaient crier au loup, quand celui-ci n’a plus de crocs.
Et c’est donc à se demander de l’utilité de ces missiles pour l’Iran. Pour se protéger d’une attaque aérienne des Saoudiens ? On voit mal le royaume wahhabite s’en prendre à l’Iran. Faire la chasse à l’épervier dans les collines du Yémen avec des F-16, au houthis caparaçonnés dans leurs « Zanna »(4), armés de « Jambia » (5) et de kalachnikovs antédiluviens, montés sur de poussifs Pick-up est une chose, s’en prendre à l’Iran en est une autre. Les altiers et ascétiques chevaliers d’Ibn Saoud sont depuis longtemps englués dans le pétrole. Prévenir une attaque israélienne ? Benyamin Netanyahou est sournois, mais pas un foudre. Il n’a jamais initié une guerre d’envergure, il lui est plus rentable de poursuivre des lanceurs de pierres palestiniens en culotte courte. L’Iran achète donc ces missiles, alors que les sanctions économiques ne sont toujours pas levées, et que le pays à d’énormes difficultés de se procurer des devises étrangères. Il y’a fort a parier que la Russie ne voudra pas se faire payée en pistaches et tapis, mais bien en dollars. Mais les Iraniens ne doivent s’épargner aucun sacrifice pour défendre leur sol. Et voila qu’hier lors du défilé militaire annuel des forces armées, l’Iran dévoile au monde qu’il possède déjà des missiles Bavar-373, fabriqué maison, qui sont l’équivalant, toujours d’après les Iraniens, des S-300 russes (6)!
Il est des manipulations et des mensonges qui finissent mal, les temps de réaction sont de plus en plus courts.
Amine Issa
19/04/2015
1- Le Monde, le 17/04/2015.
2- Debka, le 17/04/2015.
3- Yediot Aharonot, le 18/04/2015.
4- Habit traditionnel des habitants du nord du Yémen.
5- Poignard recourbé traditionnel que portent les hommes au Yémen.
6- Téhéran Times, le 19/04/2015.