Elections municipales, uniquement pour adultes.
Le réchauffement des relations entre le CPL et les FL, depuis que ces derniers ont ralliés la candidature de Michel Aoun à la présidence de la république, commence à porter ses fruits. Des fruits bien amers. Les élections municipales vont avoir lieu. Un déblocage de nos droits constitutionnels, qu’on nous accorde, car sans véritable danger pour les rentes politiques qu’une législative ou une présidentielle pourrait entamer. Le Hezbollah surtout, le mouvement du futur et le parti de Walid Joumblat, veulent bien nous distraire à nos dépends du moment que leurs listes, tout en flattant l’égo des grandes familles des villes et villages, n’écornent pas leur mainmise. Chez les chrétiens, l’union dans de listes communes entre le CPL et les FL, annonce un résultat similaire. La haine savamment entretenue depuis 2005 entre les partisans des deux grands partis, s’est dissoute dans les coupes de champagne que ce sont partagés leurs chefs lors de la rencontre de Meraab. On est passé du jour au lendemain, des projectiles faits de noms de toutes sortes d’oiseaux aux fleurs et colombes blanches. Voici une belle leçon de constance politique. Il y’a à peine trente ans, la même scène s’était produite, quand Samir Geagea déclara que le gouvernement de Michel Aoun était celui de l’indépendance et qu’ensemble, à une fenêtre du palais de Babdaa, ils se tenaient par la main, tout sourire face à une foule en délire. Faut-il vous rappeler la suite ? Ni les cheveux des deux héros n’ont blanchi, ni l’indéfectible confiance de leurs anciens et nouveaux partisans en la prescience de leurs chefs, qui se donnent si peu la peine de nous expliquer leurs sautes d’humeur. Pourquoi cette foi inaltérable ? Le mot a été lâché par le ministre des Affaires étrangères. Nos deux héros sont le dernier rempart contre la « dhimitude politique » dont nous menacent les musulmans. Que celle-ci, ne s’applique pas dans des élections locales entre chrétiens et donc, ne justifie pas les listes communes qui suppriment la compétition démocratique, n’irrite personne. Que Khaled El Daher, l’islamiste déclaré qu’on traité de daéchiste en cravate, parce qu’aujourd’hui il préfère Michel Aoun à Sleiman Frangieh à la tête de l’état, reçoive la visite de Pierre Rafoul cadre du CPL, le voici fréquentable et absout.
Cette peur de l’autre, entretenue à feux doux, pour en raviver la flamme au moment opportun, il va s’en dire que les dirigeants musulmans la brandissent entre eux et envers les chrétiens. Certes, depuis que le Liban existe et même avant, une méfiance à toujours concurrencé la collaboration entre les communautés libanaise, et ce toujours à partir de l’identification des individus avec leur appartenance religieuse. Cette méfiance est justifiée, ce qui ne l’est pas, sont les moyens d’en circonscrire les causes et les effets. À cette époque de revivalisme d’un islam moyenâgeux, cet asservissement des non-musulmans par une interprétation littérale du statut de dhimi, réapparait sous différentes formes. Mais peut-on parler de dhimitude au Liban ? Ou plutôt de bagarre autour des prébendes de l’état, entre des clans politiques, qui trouvent plus facile d’y accéder par la prétention à défendre les droits d’un groupe religieux, que par l’adoption d’une vision politique transcommunautaire ? Si les dirigeants chrétiens invoquent le spectre de la dhimitude, n’est-ce pas qu’ils y trouvent un biais inavouable pour protester contre la non-nomination d’un obligé servile à la caisse d’une des cornes d’abondance de l’état ?
Le risque de la dhimitude ne sera écarté que lorsque ceux qui y résistent, se présenteront et agirons comme des citoyens libanais et rien d’autre. À la veille des élections municipales, deux regroupements électoraux ce sont déjà formé sous cette dénomination : « Beyrouth madinati » et « mouatinoun oua mouatinant fi dawla ». À scruter, les convictions des participants à ses deux regroupements aux microscopes, il y’a certainement matière à réserve. Mais ne pas voir le grain grossier de la « Sainte-Alliance », est de l’infantilisme politique. Un choix nous est proposé, levons l’option. Et que ceux qui ne le veulent pas se fassent à l’idée de Khaled El Daher en cravate orange.
Amine Issa
1/04/2016