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citoyen libanais
29 janvier 2017

Pétrole, ceux qui baisseront les bras ne le mérite pas.

Source: Flickr

L’état a finalement décidé d’exploiter nos gisements de pétrole. Des experts ont déjà relevé les failles des décrets ministériels qui en organisent l’extraction. Pourquoi une société nationale du pétrole et un fond souverain n’ont-ils pas été institués, et bien d’autres observations légitimes.

Il ne faut pas s’attendre d’un système politique où il n’y a plus d’opposition qui puisse effectivement dénoncer les mauvaises pratiques, qu’il sanctuarise nos droits. Encore faut-il qu’elle n’est jamais existé quand il s’agissait de se partager nos ressources.

Il faut impérativement obtenir la création d’un organisme de contrôle incorruptible sur l’ensemble des étapes du processus d’exploitation. Cet organisme saura sous-traiter les aspects techniques et choisir les sociétés appelées à participer aux opérations d’extractions. Il y’ a au Liban des femmes et des hommes qui n’ont que le souci du bien public, ceux qui disent le contraire sont soit défaitistes soit suspects de complaisance ; dans les deux cas nuisibles.

L’état ne doit pas seulement partager une partie des bénéfices du processus de forages des puits, de stockage et de commercialisation, mais investir lui-même dans certaines des infrastructures nécessaires. Il obtiendrait ainsi une plus grande part des profits. L’argument avancé par les autorités pour ne pas le faire est que le Liban n’en a pas les moyens. C’est faux. Nous pouvons malgré l’énormité de notre dette emprunter encore sur le marché mondial, au moment où les taux sont encore très bas. La seule condition est d’attacher cette créance, son utilisation et son remboursement au seul revenu du pétrole, c’est-à-dire ne pas la fondre dans la masse indistincte de la dette publique.

Il faut également que les sommes dégagées soient largement utilisées pour effacer la dette du Liban. Actuellement, le budget de l’état est divisé en deux parties, une pour payer les salaires et frais de fonctionnement, l’autre pour le service de la dette. De ce fait, le poste dépense « investissement et développement » est totalement inexistant. En réduisant la dette, son service le serait également. Un excédent se dégagerait et celui-ci qui devrait être alloué au poste « investissement et développement ».

L’autre façon de dépenser l’argent issu de la vente du pétrole est de l’investir dans des projets directement sans passer par le budget.

La différence semble être une simple variante comptable de l’allocation de ces nouveaux revenus. Pourtant il n’en est rien. Les recettes du budget sont principalement les impôts et les taxes que paye le citoyen. S’ils ne sont plus alloués au service de la dette, celui-ci sera plus incité à savoir qu’elle en est l’utilisation. Il sera plus engagé à réclamer un meilleur contrôle des dépenses, à refuser qu’elles soient affectées à des projets improductifs et sans intérêts social ou économique. Si à l’inverse les revenus du pétrole sont directement investis dans des projets, il sera moins stimulé à en exiger la gestion transparente. La différence est celle entre un salaire obtenu par le travail et celui gagné à la loterie. On est toujours moins regardant dans le second cas.

Les incrédules diront que dans les deux hypothèses, le résultat sera le même. Les gardiens de la bourse de l’état sauront toujours la délié la nuit pour s’y servir grassement. Les incrédules n’ont jamais fait avancer le monde. On a souvent vu du pétrole jaillir là où on l’attendait pas, mais on n’a jamais vu des politiciens véreux se repentir, et il faut les confronter sans relâcher par tous les moyens disponibles.

Je le disais il n’y avait plu de véritable parti d’opposition, ou peut-être quelques déçus du nombre de barils qu’on leur a adjugés. Dresser des potences n’est ni dans les moyens ni l’humeur des Libanais. Alors, qu’un collectif de Libanais se forme, experts en hydrocarbure, juristes, politologues et journalistes. Qu’ils aillent au feu, dénonçant les malfaisances et proposent les solutions justes. Reste la mobilisation dans la rue pour maintenir sous tension permanente le sérail et ses occupants. Comment s’y prendre ? Rappeler aux citoyens qu’à défaut de boucler leur fin de moi, c’est leurs ceintures qu’ils serrent et que des dizaines de milliards de dollars qui leur reviennent risquent de leur échapper. Qu’une couverture santé universelle et de qualité est à portée de main, que l’enseignement gratuit n’est plus une utopie, que l’électricité ne sera plus un luxe et surtout que la pauvreté n’a pas de confession.

S’ils ne le font pas, je serais de ceux qui iront féliciter le premier des ministres ou députés qui inaugurera une nouvelle villa. Mais il y’a très peu de chance que je sois convié à la pendaison de la crémaillère, ce sera plus tôt à la mienne qu’on m’invitera.   

Amine Issa

29/01/2017

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Commentaires
S
Là où l'exploitation pétrolière a été prise en mains par l'État, la fonction de tirelire pour les politiques les mieux placés est devenue la règle. Je ne peux souhaiter que le Liban choisisse cette solution, car il est naturellement difficile d'n sortir, d'arracher l'argent de la bouche des profiteurs. Les états raisonnables choisissent un bon contrat avec une société compétente de A à Z, qui versera la rente convenue, proportionnelle à la quantité extraite et vendue.
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citoyen libanais
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