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citoyen libanais
22 avril 2017

Pourquoi Emmanuel Macron sera élu

Source: Flickr

Si la révolte pouvait fonder une philosophie, ce serait une philosophie des limites, de l’ignorance calculée et du risque. Celui qui ne peut tout savoir, ne peut tout tuer.

Albert Camus

 

L’élection présidentielle devrait amener en France la première véritable rupture depuis 1981. Pour la dernière décennie, il est très difficile de repérer une véritable alternance. Comme partout en occident, les Français ont compris la nécessité de réagir. Ils le font sur deux modes. Le premier, est le repli national, le protectionnisme économique et le réenracinement culturel. Cette posture avant les primaires était à des degrés divers celles de Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, chacun selon un crédo particulier. Leurs discours trouvaient écho pour le FN, chez les premières victimes de la crise, les chômeurs, les plus pauvres, les moins instruits, exclusivement « petits blancs » déclassés, mais également chez les ultraconservateurs catholiques ou laïques. Pour La France Insoumise, également les « petits blancs », mais aussi les immigrés stigmatisés par la parenté généralement subie avec le terrorisme islamique. C’est à la veille du premier tour, en gros quarante pour cent de l’électorat, encore moins à la veille des primaires.

Le second, celui des deux grands partis, les Républicains et le PS, ainsi qu’Emmanuel Macron qui tentaient une autre approche. Celle de reconnaître que le monde est devenu tellement complexe qu’il n’existe pas de solution miracle. Le changement nécessaire, s’il prend en compte le défi d’une France à la traîne mais gorgée d’atouts, de la souffrance des Français à cause d’une économie en panne, des risques du terrorisme et du communautarisme, doit se faire dans la douleur, mais graduellement. Il doit se faire selon la technique du « essai et erreur » (Trial and error) pour permettre une rectification de la feuille de route, chemin faisant. Certes, il y a urgence, mais il ne faut pas s’y résoudre au risque d’hypothéquer irrémédiablement l’avenir par des mesures lourdes. Edgar Morin critiquait à juste titre « l'obligation de sacrifier l'essentiel pour l'urgent, ce qui aboutit à oublier l'urgence de l'essentiel ». Pour Les Républicains et le PS, ceux qui partageaient cette approche étaient Manuel Vals et Alain Juppé, que les sondages donnaient gagnants aux primaires de leur parti. Mais la mécanique des partis, des élections internes, l’absentéisme de leurs partisans à rebours de l’activisme de leurs adversaires, les a exclus au profit de candidats à leur gauche ou à leur droite selon le cas. Quelles que soient les divergences de mesures que proposait le trio susmentionné, il s’entendait sur l’essentiel. Le monde et la France ont changé, les problèmes sont ce qu’ils sont, personne ne les ignore et si aucun n’a toutes les solutions, elles existent. Il faudra les imaginer et les essayer.

Au lendemain des primaires, il était évident qu’Emmanuel Macron ne récolterait pas immédiatement les déçus chez les Républicains et le PS. L’atavisme partisan est tenace. Mais il se délite. Les partisans de François Fillon qui ont perdu toute inhibition républicaine et humaniste, sont tentés de voter pour Marine Le Pen. Ceux de Benoit Hamon, les gauchistes utopiques lui préfèrent le tribun insoumis Jean-Luc Mélenchon qui leur promet « sous les pavés, la plage ». Mais d’autres pourraient se reporter sur Emmanuel Macron, qui entre temps battit sa stature et son discours. A la prégnance dans l’esprit des Français qu’il n’y a que la gauche et la droite, il répète inlassablement que ce n’est pas vrai, qu’il n’est pas un personnage hybride. Il le symbolise par son adoubement par François Bayrou, remercie froidement Emmanuel Vals de son soutient. Mais il accepte avec enthousiasme celui de Jean-Yves Le Drian, un homme irréprochable et un ministre compétent qui lui donne une épaisseur régalienne et sécuritaire. Le ralliement de Dominique De Villepin est celui d’un ministre qui en 2003, à la tribune de l’ONU, a rappelé avec brio au monde tétanisé par l’agressivité américaine, que la France était encore une nation souveraine qui ne céderait pas aux injonctions à bafouer le droit international. Le passage d’Emmanuel Macron dans la banque privée est peut-être ce qui lui ouvert les yeux sur les effets désastreux d’une finance débridée, qui a creusé les inégalités, mis en faillite des millions de foyers et a créé des richesses virtuelles. En même temps, ministre de l’économie il défendait avec lucidité et au péril de l’impopularité, la loi du travail de Myriam El Khomri, convaincu de la nécessité de l’assouplissement des réglementations pour encourager l’embauche afin de relancer la production en panne.

En fin de compte, soixante à soixante-dix pour cent des Français au moment de voter, se rappelleront qu’Emmanuel Macron est celui qui représente le plus leurs dispositions à la veille des primaires. J’en ose le pari.

Amine Issa

22/04/2017

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Commentaires
S
Comme ça n'a pu vous échapper, Emmanuel Macron est en première position à l'issue du premier tour, et devrait bénéficier d'un afflux de votes hostiles au Front National. Il devrait être élu Président de la République le Dimanche 7 Mai 2017
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S
Vous pourriez bien avoir raison, si les plus récents sondages ne sont pas trompeurs (ça arrive souvent). J'ai une solide estime pour cet homme, d'une intelligence exceptionnelle, peu susceptible de s'enfermer dans un dogme. C'est ce qui me rassure quand je me trouve en désaccord ponctuel avec lui.
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citoyen libanais
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