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citoyen libanais
21 août 2017

Aimer aux conditions des clergés.

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À la mi-août, un chrétien et une musulmane voilée se sont mariés dans une église. Quelques jours avant, ils s’étaient rendus chez un Imam jaafarite pour officialiser leur union. Aucun des deux ne s’est converti à la religion de l’autre. Un prêtre interrogé, considérait cette union conforme au dogme de l’église et que le but de celle-ci est de bâtir une société portée par l’affection « mahaba ». Est-ce que je me trompe en traduisant « mahaba », par affection, au lieu d’amour « hob », qui serait plus conforme à l’enseignement du Christ ? Il bénit donc cette union tout en affirmant ignorer toute information sur l’acte de mariage établi chez l’imam. Pourtant, les mariés et leurs parents l’annoncent et une photo de la cérémonie chez l’imam a circulé sur les réseaux sociaux. Cachez cet imam, ce rabbin ou cet officier civil que je ne saurais voir ! Certes marier une musulmane à un chrétien dans une église est en soit inédit et louable pour un clergé caparaçonné dans des traditions au relents de crispation communautaire. Mais est-ce que l’amour que le Christ veut à l’origine de toutes nos pensées et de tous nos actes, peut-il bégayer à la porte d’une institution, fut telle son église ? N’est-il pas dit « Avant la fête de Pâque, Jésus, sachant que son heure était venue de passer de ce monde au Père, et ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, mit le comble à son amour pour eux » Jean 13-1 

 

L’imam interrogé sur cette union contredit avec courage tous les décrets religieux (fatawas) qui à ce jour interdisent à une musulmane d’épouser un chrétien. Mais pour justifier sa position, il déroule un raisonnement de jurisprudence islamique (fikh). Il rappelle qu’un décret religieux est le résultat d’une exégèse (ijtihad) humaine du Coran quand celui-ci ne comprend pas une réponse claire à une situation donnée. Cette exégèse n’a pas la valeur d’une loi (sharia) sacrée clairement indiquée dans le Coran, qui elle ne peut être dépassée.  Par conséquent tout décret, même faisant l’unanimité (ijmaa’) peut être reconsidéré. C’est ce qui l’a fait. Il rappelle que si le Coran interdit à une musulmane d’épouser un polythéiste, en déduire la prohibition d’un mariage mixte est une élaboration (istinbat) faible (daif). A l’inverse, il cite un verset qui autorise clairement un musulman d’épouser une chrétienne, qu’un musulman ne peut pas se prévaloir de ce qualificatif que s’il reconnait en Jésus un prophète et que le christianisme est une religion reconnue par l’Islam. Il en conclut la légalité religieuse de l’union qui nous intéresse.

On ne peut pas reprocher à cet imam son effort intellectuel. Mais est-il bien utile d’aller chercher des justificatifs aussi complexes, alors qu’à cette question le Coran apporte une réponse à la portée de tout croyant ? Voilà ce que j’y lis dans quatre versets parmi tant d’autres : en s’adressant aux femmes Dieu recommande « N’épousez pas les idolâtres tant qu’ils ne sont pas croyants » (II-221). Les chrétiens sont-ils croyants ? Voici la réponse du Coran : « Il existe, parmi les gens du livre une communauté droite...ils croient en Dieu » (III-114). Dieu demande aux musulmans de s’adresser aux juifs et aux chrétiens en ces termes « Nous croyons en ce qui est descendu vers nous (le Coran) et descendu vers vous (la Bible et les Évangiles), notre Dieu qui est votre Dieu est unique, et nous lui sommes soumis » (XXIX-46). Les chrétiens se soumettraient ils à Dieu sans y croire ? Et, « Ceux qui croient, ceux qui pratiquent le judaïsme, ceux qui sont chrétiens ou sabéens, ceux qui croient en Dieu et au dernier jour, ceux qui font le bien, voilà ceux qui trouveront leurs récompenses auprès du seigneur » (II-62). Les chrétiens iraient-ils au paradis s’ils ne croyaient pas en Dieu ?

Pourquoi il a fallu toute cette casuistique pour rétablir une évidence ?

Pourquoi les hommes de religions, s’autorisent-ils encore à s’approprier le sens des textes auquel croient ceux qui ont la foi ? Peut-être les croyants devraient interroger le sens de leur foi. Est-elle de nature spirituelle ou sociale et politique ?

Amine Issa

21/08/2017

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