« Terrorisme Islamiste », n’est plus un gros mot, Tant mieux pour les musulmans !
Après Manuel Valls, Premier ministre, Emmanuel Macron président de la République met fin à cette ridicule pudeur sémantique et utilise enfin l’expression « terrorisme islamiste ». Certes, on dira que Donald Trump l’a précédé. Dans ce cas, c’est plus l’expression spontanée d’un primate qui a traversé les millénaires sans une égratignure. D’autres, en Europe ont utilisé l’expression, c’était souvent celles de xénophobes à la recherche de voix dans un vivier fertile de citoyens effrayés par la barbarie.
Mais pourquoi alors, des dirigeants responsables ont tellement tardé à en user ? Il y a d’abord la paresse pédagogique et politique. Il est facile de parler de grands principes humanistes, de la tolérance et de se doter de moyens sécuritaires pour combattre le terrorisme indistinctement. Il est plus difficile d’expliquer que le « terrorisme islamiste » est particulier et qu’il peut avoir d’autres sources que la « véritable foi », comme, l’échec de l’éducation aux valeurs de la république, le laxisme face à l’apparition de zones de non droit, de la licence accordée aux imams prêchant la violence et l’échec du politique social à s’adresser aux exclus par la crise économique. Il y a également la querelle des intellectuelles qui dans les pays démocratiques sont encore associés à la formulation des principes et à des décisions politiques. En France, par exemple, on a assisté à la confrontation de trois thèses pour expliquer le terrorisme. Celle de Gilles Kepel, essentialiste qui considère la violence intrinsèque à l’Islam ; il utilise l’expression la « radicalisation de l’islam ». Ensuite, celle d’Olivier Roy pour qui il s’agit de « l’islamisation de la radicalité », qui, elle a des sources sociales et économiques. C’est sans doute son passé marxiste qui le convainc de n’accorder à la religion qu’un rôle secondaire dans les comportements humains. Enfin, celle de François Burgas, tiers-mondiste, pour qui le terrorisme est la lutte des « damnés de la terre » (1). Pour ajouter à cette confusion, il y a la mutation du profil des terroristes, tels ceux qui ont sévi en Grande-Bretagne et en Espagne. Ceux d’Espagne, fonctionnaient comme une secte avec un gourou qui cachait son jeu et dont le mode de recrutement et de prêche se faisait hors la toile . Ceux de Grande-Bretagne sont passés à l’action sans l’intermédiaire de la propagande et du comportent salafiste et n’étaient pas membres des communautés d’immigrés .
Je disais donc, querelle d’intellectuelles et j’ajouterai, stérile, car les trois personnes citées ont ensemble raison. Soit par égocentrisme, soit par habitude de ne privilégier qu’une seule explication, ce qui n’est plus possible dans un monde aussi complexe ou l’interdisciplinarité est devenue nécessaire. Ils ont raté la synthèse qui aurait tant fait avancer le débat et permis un début de solution.
Dans le monde anglo-saxon, s’est ajoutée une autre forme d’aveuglement. Le libéralisme, dans ces pays, réduit le rôle de l’état dans certaines prestations sociales. Celles-ci sont confiées aux communautés dans une perspective de solidarité que l’on peut faire remonter à la Réforme protestante. Or, dans ces sociétés on fait l’impasse, par paresse également, sur le communautarisme dans les groupes musulmans qui a été récupéré par les salafistes violents pour qui la solidarité était accordée pour obtenir l’adhésion à la destruction du pays hôte. Les prêches des imams illuminés à Hyde Park étaient une déclaration de guerre que personne n’a voulu entendre.
Parler de « terrorisme islamiste », sert les musulmans issus de l’émigration avant les Occidentaux qui le subissent. Quand on dit « islamiste », on ne dit pas « musulman ». Et tant que l’on n’utilise pas « islamiste », malgré tous les appels à ne pas faire « d’amalgame » tous les musulmans se sentent visés. Car, si le terrorisme n’est pas islamiste donc une catégorie définie et que ce terrorisme est le fait exclusivement de personnes qui se présentent comme musulman, comment l’ensemble de la communauté ne peut-elle se considérer pointée du doigt ? Comment les non-musulmans avec toutes leur bonne volonté pourront-ils résister longtemps à l’amalgame, si on ne leur donne pas les moyens de faire la distinction. L’ignorer est la voie la plus sûre vers plus de radicalisation et plus de rejet qui feront le lit des solutions extrêmes où tout le monde sera perdant. Il faut marquer la distinction en disant clairement que les terroristes sont islamistes, s’inspirent de versets du Coran, mais en les pervertissant, clarifier la manipulation, demander aux musulmans de le faire eux-mêmes, relayer cette distinction par tous les moyens et interdire tous les prêcheurs de haine. Voici l’urgence. Ensuite, adresser les problèmes sociaux qui n’auront d’effets que sur le long terme, mais dont l’annonce suivit de premières applications, ramènent l’espoir et coupent l’herbe aux recruteurs assassins. Aussi, comme l’Allemagne avec la Turquie, dénoncer clairement les chantages, telle la menace d’inonder l’Europe de migrants. Enfin privilégier la sécurité et la paix sociale en Europe au détriment s’il le faut de contrats commerciaux avec les pays qui alimentent idéologiquement et financièrement les islamistes. Maintenir son niveau de vie ne sert à rien quand il n’y a plus de vie.
Amine Issa
03/09/2017