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citoyen libanais
18 mars 2018

Les merveilleux amis de Donald Trump

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La presse internationale se félicite de la prochaine rencontre entre Donald Trump et Kim Jong-un. On serait à la veille d’un accord qui éloignerait la menace d’une apocalypse nucléaire mondiale. Si une autre dérive n’expliquait pas cette tartufferie, on en rirait. La Corée du Nord est un fossile hors de l’histoire qui est incapable de menacer qui que ce soit. L’on est impressionné par ses défilés militaires où des milliers de soldats paradent au pas de l’oie comme un seul homme dans une chorégraphie digne des grandes messes nazies de Nuremberg. Effectivement la dynastie a réussi à transformer les Coréens en automates. Mais sous la peinture flamboyante des missiles qui accompagnent ces défilés, il n’y a que de la quincaillerie rouillée, des copies de missiles chinois, eux-mêmes copiés sur ceux de feue l’Union Soviétique. Tirés, s’ils n’explosent pas en vol, ils ont la précision d’une bombarde du Moyen-Âge. A l’aire des satellites et des drones, Kim Jong-un «Grand soleil du XXIè siècle» continue à observer la frontière avec la Corée du Sud avec des jumelles comme celles des tranchées de la première guerre mondiale, entouré d’officiers bedonnants et hilares qui prennent note de ses instructions sur des carnets après avoir sucés la mine de leurs crayons. Et si d’aventure Kim Jong-un venait à armer ses missiles de têtes nucléaires, au moment même où il réfléchirait à leurs emplois, la totalité de son arsenal serait détruite par une volée de missiles «Cruises» ou de bombardiers tactiques que sa défense anti aérienne n’aura même pas le temps d’en détecter l’arrivée.

Le régime de Kim Jong-un est en faillite permanente. Chaque fois que les silos de blés sont vides et que la famine est aux portes, le dictateur sort ses griffes émoussées pour quelques navires d’aides alimentaires. Il fait également l’affaire de la Chine pour effrayer le bon peuple américain, sans le pétrole de laquelle aucune voiture ne roulerait, aucune centrale électrique ne fonctionnerait. En prétendant refroidir les ardeurs de Kim Jong-un, la Chine fait oublier ses pratiques commerciales déloyales, ses empiétements en mer de Chine et rappelle aux Américains que le changement de cap de leurs politiques étrangères du Moyen-Orient vers l’Asie n’est peut-être pas une bonne idée. Celle-ci initiée par le président Barack Obama n’a pas été revue, un porte-avions américain vient, pour la première fois, accoster au Vietnam depuis la fin de la guerre avec ce pays.

Il est étonnant que Donald Trump veuille obtenir un accord avec Kim Jong-un et dénoncer celui signé par son prédécesseur avec l’Iran. S’il est vrai que le président Barack Obama n’a pas exigé de l’Iran de réduire son intervention au Moyen-Orient, il y a à cela trois raisons. D’abord le nucléaire iranien peut être une menace pour Israël, ensuite provoquer une course à l’armement atomique. Ainsi l’Arabie Saoudite se sentant menacée aurait pu, si l’Amérique ne l’autorisait pas à acquérir la bombe, se fournir secrètement au Pakistan contre quelques milliards dont ce pays a toujours besoin et qui entretient avec Washington une politique ambiguë. C’était cela la priorité. De plus, la réintégration de l’économie iranienne dans le circuit mondial et le relèvement du niveau de vie conséquent peut vivifier la contestation interne au régime iranien dont un des slogans est le retrait des théâtres extérieurs et donc amener le régime à revoir ses priorités. Les derniers évènements en Iran vont dans ce sens. Évidemment cette option prise par le président Obama n’a aucune garantie de succès, mais elle est rationnelle. Alors qu’en Corée du Nord pour l’instant, il est totalement exclu de voir une quelconque opposition se développer.

Mais alors quel est l’objet de cette rencontre? Aucun sauf la propension de Donald Trump de s’aboucher avec la pire espèce de dirigeants de la planète, qui n’ont que mépris pour leurs peuples. Grand admirateur de Vladimir Poutine, son administration après la cascade de révélations sur l’interférence du Kremlin dans les élections de 2016 et l’assassinat du double agent en Grande Bretagne, lui a forcé la main pour imposer de légères sanctions à Moscou. Mais il refuse toujours de signer une loi du congrès qui instaure d’autres sanctions contre la Russie, accusée de violer l’intégrité territoriale de l’Ukraine, de provoquer des tensions avec l’OTAN en Europe et de mener une guerre électronique contre les infrastructures des Etats-Unis. Malgré les tiraillements avec Recep Tayyip Erdogan sur des conditions secondaires comme les poursuites judiciaires contre des gardes du corps du président turc qui ont molesté des manifestants kurdes lors d’une visite aux États-Unis, le président Donald Trump a lâché la bride à son ami pour écraser ces mêmes Kurdes en Syrie, les seuls véritables alliés de l’Amérique dans ce pays. Après avoir accusé le président chinois de manipuler sa monnaie, il se rétracte et se félicite du vote du congrès du PC chinois de permettre au président XI Jinping de rester au pouvoir indéfiniment.

C’est le défaut des démocraties de permettre à des hommes tels Donald Trump d’arriver au pouvoir. Mais c’est surtout parce que la démocratie est devenue laisser-faire et qu’elle n’allume plus les voyants rouges quand suite à la démission des hommes politiques à donner un sens à leurs actions, ceux-ci se contentent de gérer et mal leurs pays. C’est aussi une conséquence du laisser-faire économique des néolibéraux qui a provoqué des crises économiques telle celle de 2008, augmenté les inégalités, faisant la part belle aux populistes. Mais c’est aussi la démocratie qui a le plus de chance, sans effusion de sang et destructions, de renvoyer Donald Trump à son appartement de New York sous ses caissons dorés d’une vulgarité sans nom. Les dernières législatives partielles dans des fiefs Républicains en sont un signe.

 

Amine Issa

18/03/2018

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