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citoyen libanais
13 août 2015

La fédération, la solution du pire.

liban

À chaque crise à caractère constitutionnel au Liban, des dirigeants politiques chrétiens sortent de leurs chapeaux l’idée de la fédération du Liban. Ce qui les y pousse est en partie non dit. Je le ferais, sans fausse pudeur.

1- Ils se sentent étrangers dans un pays ou les mœurs sociales d’une partie des deux confessions musulmanes, ne correspondent pas à leurs manières de vivre. Le respect quasi généralisé du jeune, le voile, la non-consommation de l’alcool par exemple, sont des comportements auquel ils n’adhérent pas.

2- Les chrétiens se plaignent que les musulmans sont plus enclins à ne pas respecter la loi et les biens publics.

3- Démographiquement, ils diminuent, perdent du poids dans l’équation politique et s’ont exclus de l’administration publique.

4- Enfin la monté de l’islamisme radical et l’entêtement du Hezbollah de garder une autonomie militaire, les effrayent.

Analysons tous ses phénomènes.

1-Les mœurs sociales.

Depuis que la laïcité est une option, la religion doit négocier avec elle. La laïcité lui pose un grand défi, puisqu’elle ne la condamne pas. On peut croire en Dieu et être laïque. Or ce ne sont pas le port du voile ou le jeune, qui sont des comportements manifestes, qui prouvent qu’on a la foi et que l’on respecte tous les enseignements de sa religion. Beaucoup de faux dévots, qui visiblement appliquent les règles de leur religion (ici le port du voile) ne respectent pas les enseignements de la même religion, telle l’honnêteté, le respect du bien d’autrui, dont la transgression est plus facile à camoufler.

On observe le même phénomène chez les chrétiens. Ainsi, les petites et grandes croix au cou ou sur le sommet d’une colline, les photos des saints dans les voitures, les lieux de travail et partout ailleurs. Est-ce que cela, est-il la preuve de l’application des enseignements des évangiles? Est-ce qu’une croix portée, veut-elle dire que nous ne volons pas ou ne convoitons pas la femme d’un autre ? La seule différence est peut-être dans l’ostentation. Une petite croix portée sur soi est moins voyante qu’un voile. C’est peut être également une question d’esthétique ; les robes noires et longues n’étant pas particulièrement saillantes aux femmes. Ou une question de proportion, plus de musulmans se conforment à ces codes ? Mais est-ce que cela fait-il vraiment une différence, que ce soit dans les sources de cette expression religieuse ou dans ses conséquences ? N’est-ce pas le même sentiment d’insécurité et de flottement identitaire, une libanitée sans cesse fragilisée, qui fait que les citoyens s’accrochent à des signes qui les rattachent à un groupement solide, multiséculaire et de légitimité divine ? Ce souci de refuge, chez les uns comme les autres, est doublement déstabilisant. Il évacue toute la partie spirituelle de la religion, et n’en garde que les expressions corporelle et matérielle, en essayant de faire revivre des codes sociaux, qui sont totalement dépassé par une modernité, une évolution des sociétés qu’on ne peut freiner. Ce qui nous sauve encore et nous empêche de sombrer dans la schizophrénie des sociétés qui veulent ressusciter les utopies d’un passé révolu et dont les « décrets d’applications » sont devenus inopérants, est qu’il existe au Liban de véritables laïques, qui agissent en société et résistent à l’embrigadement identitaire inhibiteur. Ceux qui agissent, sont les laïques musulmans et chrétiens, croyant ou pas. Ceux qui résistent sont les femmes musulmanes, qui sous le voile obligé, sont d’une coquetterie ravissante.

2- Respect de la loi et les biens publics.

Les chrétiens considèrent que leurs concitoyens musulmans n’ont pas pour le bien public un respect suffisant et que les ressources du pays sont parfois dépensées à pure perte. Il y a à ce chapitre deux entrées. L’une, la relation à l’état et à la loi, l’autre, au patrimoine commun.

Le respect de la loi doit émaner d’une conviction que l’administration n’a pas de visage et que les élus sont comptables de leurs gestions. Le mandat français nous a laissé, une administration moderne, qui respecte la division des tâches et la hiérarchie, dans le sens de l’efficacité. Mais malheureusement, un héritage plus lointain est venu phagocyter celui-ci et l’a étouffé. L’héritage ottoman, celui du féodalisme et du clientélisme. Cela signifie en gros, que l’on a plus de respect pour le parti ou le dirigeant à qui l’on a confié notre représentation, que pour un administrateur et la loi qu’il applique. La liberté d’agir en un sens ou l’autre ne provient pas chez les Libanais du respect ou du non respect de la loi, mais de la possibilité que lui donne son représentant de l’enfreindre ou pas. Contrairement à l’indifférenciation des administrations moderne, la nôtre à un nom et un visage. Et nous acceptons qu’occupent cette administration des personnes qui n’en ont pas les compétences, mais qui sont agréées par le dirigeant qui nous représente. Aujourd’hui, le féodalisme a changé parfois de visage, pour ceux des partis pseudo-modernes. Mais personne n’est dupe, les partis appartiennent à des familles. Quand ce n’est pas le cas, comme pour le Hezbollah et les Forces Libanaises, la figure tutélaire du chef et la fidélité à celui-ci considéré comme le sauveur, la discipline, la dissidence interdite, le lien organique avec une instance étrangère, l’appartenance à ce parti sur une base confessionnelle, font que le militant de base n’est jamais qu’un exécutant, n’a presque pas, ou pas du tout, la possibilité de changer d’affiliation et surtout n’a aucun esprit critique. Cela renforce le sentiment d’être en dessous de la loi des dirigeants politiques et par réfraction au-dessus des lois de la république. Cette relation inverse, a de particulier, qu’elle s’alimente. Plus on se soumet au chef providence ou au féodal, moins on respecte l’état, plus celui-ci se dégrade et réduit son crédit et rend la loi du chef ou du féodal supérieure.

Les chrétiens au Liban, sont-ils vraiment différents des musulmans, dans cette relation au pouvoir ? Même avant la guerre, Camille Chamoun, Pierre Gemayel et Raymond Eddé, les deux derniers qui se détestaient ouvertement, ne se sont-ils pas ligués ensemble pour entraver l’action de Fouad Chehab, le premier président Républicain ? Les quatre grands partis chrétiens aujourd’hui, sont-ils autre chose que des fiefs familiaux et confessionnels ? Leurs querelles ont-elles apporté autre chose que morts et destructions ? Et surtout, les électeurs chrétiens, malgré ces évidences, les ont-ils jamais sanctionnés ?

L’état du patrimoine architectural et naturel est également un indicateur du respect et d’un sens du bien commun. La destruction systématique des anciennes habitations dans les quartiers chrétiens de Beyrouth, le développement tentaculaire et anarchique des banlieues-dortoirs Est et Nord de la capitale sans espace vert, le désordre urbain et la disgrâce architecturale, l’empiétement systématique sur le domaine public et la fraude tout aussi systématique sur les permis de construction, les carrières qui défigurent la montagne « chrétienne », sont le signe de quel degré de civilité ? Est-ce les quelques exceptions et initiatives de préservation de notre patrimoine, font-ils vraiment la différence, ou ne sont-ils que le révélateur de la déprédation généralisé ?

3- Perte de poids dans l’équation politique

Les chrétiens se plaignent qu’ils sont écartés des postes administratifs et que les musulmans prennent toutes les places. Ceci ne devrait pas avoir lieu, puisque le partage égalitaire des postes administratifs entre chrétiens et musulmans est selon la constitution, indépendant de la démographie. La question que l’on se pose alors, si les chrétiens étaient plus nombreux dans l’administration, est ce que leurs droits en tant que citoyens seraient-ils mieux préservés ?

Comment se recrute aujourd’hui un fonctionnaire ? Jamais pour ses compétences, toujours pour son allégeance politique. Ainsi, si cent fonctionnaires chrétiens devaient être engagés, ils le seraient, suivant un dosage de voyante de foire, choisis entre les obligés des quatre grands pôles chrétiens. Est-ce que ces fonctionnaires auront-ils à cœur les droits de leur communauté, ou bien n’obéiront-ils qu’aux instructions de leurs parrains ? La préoccupation de ceux-là, est-elle vraiment l’intérêt de la communauté chrétienne, ou plutôt la voie, n’importe laquelle, qui les amènerait au pouvoir, dût-elle être pavé par le cadavre de tous les chrétiens ? Peut-on ignorer les guerres « chrétiennes » de la fin du siècle dernier ? Les chrétiens ont-ils désavoués leurs initiateurs ?

Pour gêner Samir Geagea, un fonctionnaire affilié au CPL, ou l’inverse, ne ferait-il pas tout ce qui est en son pouvoir, même au détriment des intérêts des citoyens chrétiens ? La quasi-immunité juridique dont disposent ces fonctionnaires à cause du système partisan de leurs désignations, n’est-elle pas une des sources de leur corruption ? Est-ce que la corruption connait elle autre chose que l’intérêt du corrompu et de celui qui le corrompt, quelle que soit la communauté à laquelle ils appartiennent ? Ceux qui doutent de cette conclusion n’ont jamais eu à faire avec l’administration. Cela ne dédouane pas la communauté musulmane de s’attribuer tout ce qu’elle peut comme responsabilité au sein de l’appareil d’état. Mais une attribution de ces postes de façon égalitaire, vu la mentalité de tous les fonctionnaires et de leurs patrons, n’améliorerait ni les conditions de la communauté musulmane, ni chrétienne, ni celle du Liban.

Ensuite, le poids politique. Il est garanti par la constitution, mais est également  tributaire du pouvoir de conviction et de programmes. Le poids de Walid Joumblatt est-il proportionnel à la représentation politique constitutionnelle druze ? Tous les musulmans ne sont pas chiites et tous les chiites ne sont pas affiliés au Hezbollah. Par la persuasion, et l’endoctrinement, à l’intérieur de sa communauté et par l’intimidation ou par des alliances à l’extérieur de celle-ci, le Hezbollah joue un rôle plus important que son poids démographique et que la constitution lui impartissent.

Je ne dis pas que les chrétiens devraient imiter Walid Joumblatt ou le Hezbollah. Leurs méthodes au sein et à l’extérieur de leurs communautés, ne sont pas celles qui bâtissent des états modernes, développés et en paix. Mais perdre toute son énergie, celle des dirigeants chrétiens, à des querelles stériles et marteler sans cesse vouloir récupérer les droits spoliés des chrétiens, qui se résument souvent à occuper par un partisan ou un parent un poste administratif, ne mènera nul part. C’est parce que les dirigeants chrétiens non ni un programme ni une stature nationale, et qu’ils sont empêtrés dans leurs égoïsmes, que les chrétiens sont exclus du jeu politique.

Est-ce qu’une fédération ressouderait ces maux ? L’argument est que les chrétiens, laisser à eux-mêmes, n’useraient plus des chemins cités plus haut pour rentrer dans l’administration. Ces chemins étant aujourd’hui les seuls qu’ils peuvent emprunter pour préserver leurs droits, vu que les musulmans les pratiquent. Les chrétiens ne feraient donc que les imiter malgré eux, car moins nombreux, ils ne peuvent changer ce système. Est-ce que la conduite féodale et paternaliste des dirigeants chrétiens, se métamorphoserait-elle, s’ils n’avaient à administrer que des chrétiens ? Est-ce qu’un fonctionnaire corrompu et parrainé au sein d’une administration fédérale se comporterait autrement qu’il ne le fait au sein d’une administration centrale? Une mentalité séculaire, disparaitra-t-elle par le simple changement du cadre constitutionnel ?

Les querelles de personnes, le copinage, la corruption, l’inefficacité de la majorité des municipalités chrétiennes (et musulmanes d’ailleurs) élus par de seuls chrétiens, ne sont-elles pas un avant-gout de ce qui nous attend dans un système fédéral ? Y verrons-nous autre chose que des baronnies s’ériger ?

 

4- La montée de l’islamisme radical et l’entêtement du Hezbollah de garder une autonomie militaire.

Une fédération, ou toute autre forme de décentralisation politique, jusqu’à la partition, ne ferait qu’exacerber ces deux dangers. Le Hezbollah est né, parce justement, il n’y avait pas un état central. Parce que celui-ci, ne convainquait pas,  ni par sa faiblesse, ni par ses prestations sociales déficientes. L’Iran et la Syrie, n’ont pu créer et promouvoir le Hezbollah que parce que l’état central était une ombre. Et quand cet état central, à partir de 2005, a commencé à récupérer sa souveraineté, il n’était plus possible d’effacer d’un trait de plume un phénomène politico-social qui avait mis presque trente ans à se construire et se solidifier. Certes, le Hezbollah est aujourd’hui le seul responsable de cet état des choses. Mais la fédération, tel qu’elle est pratiquée à travers le monde, peut céder aux entités toutes les fonctions étatiques, sauf celles de la monnaie, de la défense et des affaires étrangères. Or c’est bien sur les deux derniers points qu’il y’a désaccord avec le Hezbollah.

L’islamisme sunnite est lui aussi né à l’époque ou l’état central était faible. Mais il n’a connu son véritable essor, que suite aux événements en Syrie. Ce n’était pas pourtant une surprise. À cause de l’absence d’un état central impartial et d’un développement équilibré, chaque communauté face à l’adversité, a opéré un repli sur des comportements radicaux, qui lui sont donnés en héritage. Le fait que le Hezbollah, cautionné par le plus grand parti chrétien, ait pris fait et cause pour le régime syrien honni par les sunnites, le fait que ni l’état Libanais dans son ensemble, ni les dirigeants sunnites, n’aient jamais œuvré pour réduire la pauvreté dans les régions sunnites, sont à l’origine de l’islamisme radical. Également est responsable, cet état central faible, qui ne peut contrecarrer les flots d’argents et de prédicateurs salafistes, de nos « frères » du Golf et l’absence d’un discours sans ambiguïté du clergé sunnite officiel. Est-ce qu’une fédération changerait la donne ? Oui, répondraient ses partisans : « Qu’ils fassent chez eux  ce qu’ils veulent, du moment qu’ils nous laissent tranquilles ». Il n’est pas difficile, d’imaginer l’état d’esprit des communautés musulmanes travaillé par l’islamisme sunnite et chiite, laisser à elle-même, dans l’état qui est le leur et l’ensemble du Moyen-Orient. Tout repli politique fait sur une base identitaire confessionnelle ne fera qu’exaspérer les particularismes les plus négatifs et les plus violents. L’histoire du monde et particulièrement de notre région est trop parlante en ce sens, pour qu’on puisse se leurrer du contraire. Se seront des entités, renfermées sur elles-mêmes, hostiles à tout ce qui leur est différent, travaillées par les démons de l’exclusivisme qui justifie leurs existences et qui ne peut engendrer que des conflits avec leurs voisins.

Il est très amusant d’entendre les partisans du fédéralisme, prendre comme exemple la Suisse. Ce pays, est par sa taille et le nombre de ses habitants, proche du Liban. Il a également connu des guerres de religion. Mais je doute que les sectateurs du fédéralisme n’aient jamais mis les pieds en Suisse. Ou s’ils l’ont fait, ils n’ont jamais rencontré de Suisse. Et comme bien même en auraient-ils croiser un, est-ce qu’ils n’ont jamais rencontré un fonctionnaire ou un élu Suisse ? Est-ce qu’ils n’ont jamais observé un Suisse dans une administration ou simplement au volant de sa voiture ou dans une queue ? Je ne porte pas de jugement de valeur, les Suisses ont à nous envié beaucoup de qualités humaines, qui se sont totalement desséchées en Occident. Mais pour ce qui est du système politique, pour réussir une fédération comme l’ont fait les Suisses, il faut avoir leurs mentalités, leurs rapports au politique, à la société et au bien commun, ce que nous sommes loin d’avoir, chrétien comme musulman. Encore une fois la proportion ici n’a aucune importance.

Que faire ? La partition. Ce sera un bain de sang et tous les inconvénients du fédéralisme à la puissance 100.

Reste à reformer l’état central. Mais est-ce possible ? Je ne sais pas, mais il vaut la peine d’essayer, car l’état central à deux grands avantages dans une société multiconfessionnelle. Cet état peut reproduire et en même temps être le produit d’une identité souple, et être également une incitation au progrès.

Une identité souple, parce qu’il fait cohabiter tous les particularismes, à l’exception de ceux qui feraient capoter l’édifice. La souplesse est la garantie contre l’enfermement dans un monolithisme excluant et donc violent. Cette identité existe malgré les guerres et les conflits. Un chiite Libanais est plus proche d’un sunnite Libanais ou d’un chrétien et inversement, qu’il ne l’est d’un chiite Iranien ou Irakien. Je peux témoigner de l’abime qui sépare les Iraniens chiites des Libanais chiites. Je peux également témoigner d’un grand sentiment d’étrangeté, en dialoguant avec un chrétien Irakien réfugié au Liban. Nous habitons deux planètes différentes. Jamais avec un musulman Libanais, même membre du Hezbollah, je n’ai senti une telle distance, excepté avec les salafistes. Les Libanais dans leur habitus, qu’il soit social, culturel ou politique, ont plus de points en communs que de différences. Évidemment ces différences s’accentuent, mais le point de rupture n’est pas encore atteint.

Ensuite, un état central dans une société variée, crée l’émulation, la concurrence. Il faut montrer que l’on est aussi capable que les autres d’aller de l’avant. Si l’émulation aujourd’hui se fait de façon négative et violente, c’est parce que justement nous ne voulons voir et vivre que ce qui nous sépare. Les hommes politiques sont responsables de cette émulation négative, mais ils ne pourraient pas le faire si nous ne les suivions pas.

Mais comment faire ? Il n’y a pas de fatalité, il y a uniquement un manque de volonté et de la frilosité, un déficit d’imagination et une complaisance dans l’irresponsabilité. Les Libanais, ont un avantage essentiel sur l’ensemble des pays du Moyen-Orient. Ceux-là, riches ou pauvres, n’ont jamais permis aux talents et à l’intelligence de se développer, à cause de l’absence de liberté. Cessons de l’ignorer.

 La moitié des Libanais ne votent pas et l’autre se plaint. Que faut-il de plus pour entamer le travail de déconstructions des fausses politiques ? Pour réveiller les consciences abruties, capitaliser sur les qualités humaines et raisonnables? Le Hezbollah présente un tel bloc de convictions, qu’il semble une citadelle imprenable. Mais même le Hezbollah est le résultat d’un processus dont on peut retracer la construction et le démonter. C’est une question de discernement, de moyens et de temps. Nous avons de l’intelligence, des moyens également et l’ont nous en donnera si nous savons les demander et les dépenser là où il faut. Le temps, nous ne savons pas si nous en disposons encore, mais qui peut en jurer avant d’essayer ?

 Aucune action positive, si petite soit-elle est insignifiante. Si parmi nous, beaucoup n’agissaient pas, il y a longtemps que nous aurions sombré. Aucune puissance étrangère ne peut éviter à un pays de se défaire, si ses propres habitants, ne renforcent sans cesse la digue que d’autres habitants du même pays tentent de percer. Aucune autre société arabe n’aurait résisté autant que la société libanaise si elle subissait les mêmes déchirements. Les exemples de la Syrie, de la Libye, de l’Irak et du Yémen, sont là pour nous rappeler notre résilience et en sont responsables les seuls Libanais. Alors que ceux-là fassent des émules, ils trouveront un écho bien plus sonore que ce qu’ils imaginent. Et s’il se fait que les chrétiens, à cause des hasards de l’histoire, sont plus laïques, plus ouverts sur la modernité, c’est à eux d’initier le mouvement. Ils l’ont fait lors de la Nahda, ils pourraient le refaire maintenant, au lieu de courir après des chimères, comme celles du fédéralisme, cette feuille de vigne, qui ne ferait réellement qu’accentuer tout ce dont ils se plaignent.

 

Amine Issa

13/8/2015

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Commentaires
S
erratum: "intérieurement et extérieurement..."
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S
Bonjour, Vous abordez aujourd'hui une situation très délicate, mais la présentation que vous en faites n'est pas si éloignée de la vision lointaine que se fait l'européen: un Liban en "surfusion", qui peut d'un moment à l'autre cristalliser en ses différents éléments, reprenant la guerre civile. <br /> <br /> Chercher une solution constitutionnelle ne semble donc pas, pour l'observateur distant, incongru.<br /> <br /> La confédération helvétique n'est pas un mauvais modèle. Les cantons sont d'abord indépendants avant d'être fédérés. La géographie suisse ne favorise pas la formation d'un ensemble commode, et les cantons ont éprouvé l'intérêt de se grouper pour unir leurs forces. Ce qui n'a pas empêché la Suisse d'être sous la férule des grandes puissances européennes: Empire Romain, de Charlemagne, des Habsbourg, du Roi de France, de la République, et de l'Empire napoléonien....qui a donné aux cantons leur ultime constitution.<br /> <br /> La Suisse a longtemps été une terre d'émigration, de soldats, mais aussi de travailleurs divers. Celle que nous envions, riche, ordonnée, et sûre, intérieurement, et intérieurement, est très récente. C'est l'oeuvre conjuguée du pragmatisme suisse et de la finance frileuse.<br /> <br /> "Elle" est indiscutablement enviable.<br /> <br /> Pour en revenir à votre pays, pourquoi ce modèle serait-il pire que ce qui existe?
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citoyen libanais
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