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citoyen libanais
23 août 2015

Liban : retour à la normalité

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Le lieu, tout un symbole. Le centre-ville, ancien lieu de brassage, de rencontres, de disputes civilisées, de larcins, de filles de joie, d’artistes, de joueurs, de touristes, d’intellectuels, que la guerre à irrémédiablement gommés. Solidère, n’était pas la meilleure solution, mais inévitable. Le lieu est devenu une vitrine flambante cristalline et une officine de l’affairisme politique et économique associés.

Et pourtant, c’est de ce lieu, ou la frontière confessionnelle n’a pas encore tracée sa ligne rouge, érigée un  mur sourd, que quelques milliers citoyens ont dénoncée l’exile lunaire des gouvernants dans le palais ottoman illuminé. L’exil est tout aussi physique que mental. Ils se sont définitivement claquemurés dans un autisme qu’ils alimentent et que leurs partisans et seconds couteaux nourrissent pour leurs strapontins en or.

Il y’ a certes les irréductibles de nos princes, qui par intérêts ou travaillés dès le biberon au messianisme ou à la haine de l’autre, applaudissent à tous les sacrifices et à tous les renoncements, les retournements de vestes, la trahison des principes annoncés. Derniers en date, la municipalité de Beyrouth qui achète à la famille Hariri des terrains dont elle n’a pas besoin pour plus de cent millions de dollars, le Hezbollah qui sacrifie toute une communauté aux Molochs syriens et iraniens et le Général qui annonce solennellement, sous les applaudissements de ses affidés, le début d’une dynastie.

Il y’ a également ceux qui tournent le dos, pour qui le Liban n’est plus qu’un lieu de villégiature permanent, une base flottante pour leurs affaires, un passeport étranger dans la poche-révolver.

Puis il y’a ces quelques rêveurs, de tout âge, sexe, confession, classes, qui n’ont pas renoncé à la saine colère. Ils ne savent peut être pas ce qu’ils font, ni comment ils vont. Des casseurs et des manipulateurs ce sont invités dans leurs rangs, rien de nouveau. Ils ne veulent ni libérer le Sud, ni prendre les armes du Hezbollah, ni rendre leurs droits au chrétien. Ce n’est ni la souveraineté, ni l’indépendance, ni le cèdre qui les mobilisent, mais tout simplement la poubelle. Cette poubelle est à tous les étages. Dans la politique, dans l’administration, chez les partis et dans les communautés. Mais elle est aussi dans la rue. Elles les empêchent de jouir de la rue. Ils veulent une rue propre, pour y exercer leurs talents, se rencontrer, vivre et laisser vivre. Ils ne veulent ni la Cité de Dieu de saint Augustin, ni la République de Platon, ni la Cité Vertueuse de Farabi, ni la Société Sans Classes de Marx, juste une ville propre, du trottoir au loft suspendu. Avec eux, le Liban retrouve sa normalité.

 

Amine Issa

 

23/08/20015

Commentaires
S
Les poubelles de Beyrouth ne sont qu'un symptôme, du profond découragement des libanais, à commencer par les responsables du premier rang, les agents municipaux. <br /> <br /> Existe-t-il des libanais qui sont libanais avant d'être musulmans, chrétiens, druzes, que sais-je? Resteraient-ils vivants après avoir commencé à agir? Il est permis d'en douter, de craindre pour eux.<br /> <br /> Comment se termine une guerre civile ? Par la victoire d'un camp sur l'autre. Mais au Liban, il y en plus que deux.<br /> <br /> Une confédération à organiser a plus de chances qu'une nation qui n'existe plus.
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