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citoyen libanais
25 septembre 2016

Alep n’est pas Stalingrad !

Source: Flickr

Deux villes devenues un amas de pierres. Sauf qu’Alep n’est pas Stalingrad ! Celle-ci, eut pour son malheur de se trouver sur la route de l’envahisseur et Staline n’eut aucun scrupule à la raser. Alep n’est occupé que par ses habitants et quelques mercenaires de l’islamisme sauvage, international et local.

Stalingrad était une ville secondaire, sans charme particulier. Sa destruction ne fit qu’écorner le patrimoine russe. Alep, par contre fut longtemps la première ville de Syrie. Damas, après l’éviction des Omeyyades, fut déclassé. Elle ne reprit de l’importance que lorsque la route de Damas partant du port de Beyrouth, la désenclava et la relia au commerce mondial. Alep était le dernier oasis de civilisation avant le désert arabe et ses bédouins vivants de razzias. C’est à Alep qu’on retrouve les plus beaux souks du Moyen-Orient, les plus belles mosquées, et madrasas de Syrie, la plus admirable citadelle arabe. Son tissu social était cosmopolite. Arabe, Arméniens, Kurdes, Turcoman, Yezidis, Levantin, Juifs et Chrétiens maronites, syriaques, grecs orthodoxes, y vivaient en harmonie. Il fallut un premier dictateur pour vider le quartier juif. C’est dans cette ville que l’art culinaire arabe connut son plus grand raffinement.

Si Alep n’est pas Stalingrad, l’envahisseur de la ville est un clone de celui qui détruisit la ville russe. Vladimir Poutine représente chez le peuple Russe, ce que Maxime Gorki écrivait pour s’insurger que le corps de Tchekhov décédé fut transporté dans un wagon de marchandise, « Cette trivialité, ce manque de culture ». Un général Allemand, tout nazi fut-il, dans un sursaut de conscience, désobéit à Hiltler et refusa de détruire Paris sur le point d’être reprise par les alliés. Vladimir Poutine, n’a même pas cette conscience, ni pour la ville, ni pour les milliers d’habitants qui sont morts sous ses bombes d’une tonne et celle de son larbin. Dans son ouvrage, « les prolégomènes », Ibn Khaldoun l’inventeur de la sociologie politique, nous explique qu’une ville civilisée est toujours la proie des nomades belliqueux et frustes. Ainsi les Mongoles, la racaille de l’Europe médiévale sous prétexte de croisade et aujourd’hui Vladimir Poutine, ont détruit Alep. Celui-ci est l’héritier d’un des barbares modernes du vingtième siècle, Staline. Ce dernier avait multiplié les hôpitaux psychiatriques pour y enfermer ses opposants avec les véritables malades, dans des instituts où l’on souhaitait mourir plus que de vivre. Alors qu’à Alep, au quatorzième siècle, a édifié le Maristan Arghun, un asile d’aliénés, où, pour réduire leurs agitations, on les réunissait autour d’un bassin d’eau munie d’une fontaine, alors que sur une estrade un orchestre jouait de la musique.

Détruire Alep pour vaincre les barbares de l’État Islamique ? Sauf qu’ils n’y sont pas, ou si peu, dans ses faubourgs miséreux et incultes où se sont entassés les paysans chassés de leurs terres stérilisées par quarante années d’incurie d’une dictature. Alep était la ville des soufis, cette école spirituelle et pacifique de l’Islam qui voulait corriger la lecture strictement juridique du Coran. Ce n’est pas un hasard que Jallal Eddine Weiss, chrétien français converti à l’Islam, vient s’y installer pour dynamiser l’héritage musical soufi qui ne chante que l’amour de Dieu, et le fit partager au monde entier. Ce n’est pas un hasard non plus que Abdel Rahman Al Kawakibi, un des réformateurs musulmans les plus avisés y soit né.

Chasser les Aleppins de leur ville détruite est le chemin le plus court pour gonfler les rangs de l’État Islamique. Un individu qui n’a rien à perdre est un candidat à la radicalisation. Celui qui a tout perdu, l’est encore plus. Rendez-vous donc à Moscou.

Amine Issa

25/09/2016

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Commentaires
S
Dès le début de l'insurrection de syriens, dans la foulée des printemps arabes de Tunisie, et dÉgypte, Bachar El Assad a cogné avec tous ses moyens sur tous les révoltés, détruisant tout ce qui les abritait. Un désert entourant Damas suffirait à son bonheur. Son ami russe est de la même étoffe, et ajoute sa propre brutalité. Raser une ville, une autre, si nécessaire, toutes, n'est pas un problème, surtout moral.<br /> <br /> Je ne vois pas de solution.<br /> <br /> P.S. Staline n'est pas l'inventeur des internements psychiatriques, mais, par contre, du Goulag, très mortifère. L'usage de la psychiatrie, c'est plus tard, pendant les années 1980.
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citoyen libanais
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